Un ballon dans le ventre

Le ventre de l'Atlantique (Fatou Diome)

ROMAN – “Le ventre de l’Atlantique” de Fatou Diome (Anne Carrière, 2003) évoque l’exil des Africains avec la passion du football dans les bagages.

Salie vit à Strasbourg. Son frère Madické est resté sur l’île de Niodior au Sénégal, mais il rêve de la rejoindre. Il veut se rendre en France et y devenir footballeur professionnel. Salie n’ose pas briser le rêve de son frère, ni même lui raconter les réalités de l’émigration. Elle aussi a rêvé de la France comme une sorte d’eldorado.

Chaque miette de ta vie doit servir à conquérir la dignité

Salie et Madické communiquent par matches de foot interposés. “Le ventre de l’Atlantique” de Fatou Diome débute en plein cœur du match Pays Bas-Italie, demi-finale de l’Euro 2000. A plus de 5.000 km d’écart, frère et sœur se retrouvent à travers le capitaine italien Paolo Maldini, l’idole de Madické.

Maldini Euro 2000

Il y a aussi l’histoire de Moussa, jeune footballeur très doué qu’un chasseur de talent envoie en France. Moussa travaille dur à l’entraînement mais ne confirme pas les espoirs passés en lui. Endetté, il quitte le club pour se trouver un boulot. Il reviendra en Afrique honteux de son échec et ira se suicider dans l’Atlantique.

Le livre se referme sur les exploits de l’équipe du Sénégal lors de la Coupe du Monde en Corée du Sud deux ans plus tard. L’incursion des Lions de la Téranga dans l’élite du football sert de métaphore du rêve de l’intégration des Africains dans le monde occidental.

Entre les deux, la complainte de l’exil, sa souffrance, ses désillusions et ses humiliations. Et malgré tout le désir de maintenir ce rêve, de laisser croire, lors des retours au pays, que la France est bien ce pays où tout est beau.

Sénégal 2002

Le ventre de l’atlantique” n’est pas qu’un roman traitant du football. Il invite à réfléchir à l’exil, aux espoirs placés sur l’expatrié et la déception qu’il provoque en cas d’échec. Les mots de Fatou Diome évoquent le ressentiment de l’immigré confronté aux a-priori de son pays d’accueil, mais aussi la pression qu’il reçoit de son pays d’origine, qui s’estime redevable du succès de l’intégration et qui ne supporte pas l’idée d’un échec.


A propos de Fatou Diome, du Sénégal et de l’exil

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