HISTOIRE D’UN MAILLOT – En 2007, l’Olympique de Marseille rompt avec ses traditionnelles couleurs blanc et bleu pour arborer un maillot orange qui ne fait guère l’unanimité.
“Pour moi, l’OM, c’est un maillot blanc” avait grincé Benoît Cheyrou, joueur de l’Olympique Marseille fâché de devoir défendre son club sous un horrible maillot orange. Nous sommes au début de la saison 2011-2012 et le club olympien est retombé dans les travers du tout-marketing.
Couleurs phocéennes
Depuis sa création en 1899, l’Olympique de Marseille joue en maillot blanc, symbole de la pureté olympique chère au baron de Coubertin. Le short et les bas sont noirs jusqu’en 1920, où le club adopte le bleu, fidèle aux couleurs de la ville.
La ville de Marseille est l’une des plus ancienne de France. Massalia a été créée six siècles avant notre ère par des marins grecs principalement originaires de Phocée, un port d’Asie Mineure aujourd’hui située en Turquie. La cité phocéenne, comme on l’appelle encore aujourd’hui, a adopté les couleurs de la Grèce, le ciel et le blanc.
L’OM s’est donc approprié les couleurs de la ville. Le bleu, plus ou moins clair selon les périodes, s’installe ensuite sur le col puis sur les trois bandes de l’équipementier. Il domine également la tenue de rechange utilisée face aux adversaires en blanc. Le short et les bas deviennent ensuite blancs à leur tour.
A jamais le premier, l’OM remporte la Coupe des Clubs Champions en 1993 dans sa tenue traditionnelle, avec juste trois bandes bleues sur l’épaule, qui rappellent son équipementier, dont le principal actionnaire est également le patron du club.
Orange et discorde
C’est dans les toutes fins du vingtième siècle que le club, poussé par de grandissantes exigences marketing, se met à adopter des couleurs un peu plus loufoques. C’est d’abord le maillot doré qu’il porte en 1999 pour fêter le centenaire du club. Puis le maillot lavande de 2004 qui l’emmène en finale de la Coupe UEFA. Le pli est pris.
Mais aucun n’a fait autant débat que le maillot orange à parements bleus ciel de la saison 2007-2008. Cette étrange tunique est celle que le club phocéen porte pour les matches de la Ligue des Champions. C’est en effet une triste habitude qu’ont les clubs français de ne jamais évoluer dans cette épreuve avec leur couleurs traditionnelles.
Rapidement, cette couleur orange fait débat sur la Canebière, mais aussi dans les vestiaires où les joueurs ne reconnaissent pas les couleurs qu’ils sont venus défendre.
Pourquoi orange ? Aucun rapport avec les Pays Bas malgré la présence du hollandais Boudewijn Zenden dans les rangs de l’équipe. Aucun rapport non plus avec un éventuel sponsor téléphonique, puisque le club vante les mérites d’un concurrent. Selon Jean Enckle, responsable des équipement de l’OM, la couleur orange est celle du ciel de Provence quand souffle le mistral. L’explication ne convainc pas grand monde.
Une autre explication surgit alors. Le orange serait un hommage à un groupe de supporters marseillais, les South Winners, créé en 1984. En plus d’encourager l’OM, cette assemblée milite contre le fascisme et les affreux skinheads qui pourrissent l’ambiance des tribunes. Selon leur code vestimentaire, ces crânes rasés portent souvent un bomber de couleur sombre, avec une doublure intérieure de couleur orange.
La doublure était orange
Un jour, les South Winners marquèrent symboliquement leur opposition au fascisme en portant le fameux bomber… à l’envers, avec donc la doublure orange apparente. Ce orange est ainsi devenu la couleur du groupe et un symbole de l’anti-fascisme.
C’est donc pour rendre hommage à ces supporters que l’OM adopte le temps d’une saison le maillot orange (avec short et bas bleus). Vivement commenté, ce maillot se vend paradoxalement très bien en boutique. C’est même un record commercial avec plus de 365.000 unités vendues en une saison.
Mais ce maillot est aussi celui avec lequel l’OM subit la pire humiliation de son histoire à Nantes, en février 2008, où il est battu en Coupe de France par le club amateur de Carquefou. Il sera donc rangé aux oubliettes, du moins le croit-on.
Alors que le cauchemar semblait avoir pris fin, un nouveau maillot orange apparaît quatre ans plus tard dès la première journée du championnat 2011-2012. Le match a lieu au Vélodrome et la grogne est d’autant plus vive que les adversaires d’un soir doivent jouer… en blanc, la vraie couleur de l’OM. C’est à ce moment-là que Benoît Cheyrou fait connaître son ressenti, soutenu par un grand nombre de supporters et de coéquipiers.
En décembre 2012, le président du club Vincent Labrune fait savoir que l’OM jouera désormais toujours ses matches à domicile en blanc. Et plus jamais en orange. Combien de temps cette promesse tiendra-t-elle ?
A propos de l’Olympique de Marseille et de ses maillots
- Lire l’article “Marketing et football, décryptage du maillot third de l’OM” (2011) de Guy Truite
- Lire nos articles sur les couleurs et maillots des clubs français, notamment ceux consacrés au Paris Saint-Germain, à l’Olympique de Marseille, aux Girondins de Bordeaux, au RC Lens, au LOSC, à l’AS Monaco, au FC Metz, au FC Nantes, à l’OGC Nice, au Nîmes Olympique, à l’AS Saint-Etienne, au FC Sochaux, sans oublier celui de l’équipe de France.
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