On veut des héros

Hero (1986) Maradona

FILM – Le documentaire “Hero” de Tony Maylam est le film officiel de la Coupe du Monde 1986, produit par Worldmark. Sans doute le plus réussi de la saga.

Depuis 1966, la FIFA confie à Worldmark le soin de réaliser le film officiel de la Coupe du Monde de Football. La compagnie anglaise ne se contente pas d’une rétrospective classique à la manière des chaines de télévision. Elle dispose ses propres caméras dans les stades, avec ses propres cadreurs rompus aux techniques du septième art. Le montage est soigné, l’illustration sonore très travaillée et le film s’attarde sur les regards et les attitudes des joueurs. Le résultat est sélectif mais reste intéressant. En dépit parfois de certains éléments de fiction qui alourdissent inutilement le film.

Cup glory

Ces éléments sont heureusement absents du film de l’édition 1986. Tony Maylam, le réalisateur, peut se vanter d’avoir rendu la meilleure copie de la collection. Il faut préciser que celui-ci n’est pas un débutant en matière de films sportifs. Il a fait ses premières armes en 1972 en réalisant une ambitieuse rétrospective sur cent années de la Coupe d’Angleterre (“Cup glory“). Suivent des films sur l’histoire des Vingt-quatre heures du Mans (“A fast drive in the country“) ou sur les Jeux Olympiques d’hiver à Innsbrück en 1976 (“White rock“).

Le générique de “Hero” présente les principales vedettes annoncées du tournoi comme des acteurs du film. L’Argentin Diego Maradona, le Français Michel Platini, l’Allemand de l’Ouest Karl Heinz Rummenigge, les Danois Preben Elkjaer Larsen et Michael Laudrup, l’Espagnol Emilio Butragueño, l’Uruguayen Enzo Francescoli, le Mexicain Hugo Sanchez et l’Anglais Gary Lineker bénéficient ainsi des faveurs du script.

Désigné en 1983 pour abriter la treizième phase finale de la Coupe du Monde, après le forfait de la Colombie, le Mexique est victime, en septembre 1985, d’un terrible tremblement de terre. Alors que la FIFA songe à déplacer l’épreuve aux États-Unis, le Mexique parvient à convaincre les autorités du football qu’elle peut malgré tout accueillir l’épreuve.

Le film débute bien évidemment par les ravages du tremblement de terre. Peu à peu la vie reprend ses droits et avec elle, le foot. La Coupe du Monde, longtemps menacée, peut avoir lieu. Apparait alors Hugo Sanchez, le joueur symbole du Mexique, porteur de tous les espoirs.

Chariots de feu

Les images de matches défilent, portée par une musique omniprésente signée Rick Wakeman, ancien membre du groupe Yes, sans doute désireux de retrouver l’esprit des “Chariots de Feu” de Vangelis. Quelques extraits de commentaires radios pris sur le vif, dans toutes les langues, viennent agrémenter la bande sonore, tout comme le refrain du morceau “Me das cada dia mas” interprété par Valeria Lynch. On note malheureusement aussi quelques horreurs musicales tel la gauloiserie “Viva les Bleus“. Quand à “Special kind of hero” de Stéphanie Lawrence, chanson officielle du tournoi, elle est diffusée en générique de fin.

Plusieurs matches importants du tournoi sont passés en revue, mais d’autres sont oubliés. On peut regretter l’absence des matches des équipes d’URSS et du Maroc, grandes animatrices du premier tour. On peut regretter aussi quelques jolis buts oubliés, comme celui de Negrete (Mexique-Bulgarie) ou Josimar (Brésil-Irlande du Nord). Mais il s’agissait bien de faire un film, et non pas une rétrospective. Une œuvre cinématographique, et non pas un montage journalistique.

La Coupe du Monde 1986 n’a sans doute pas été du même niveau que l’édition espagnole qui l’a précédé (1982), mais elle fut certainement supérieure à l’édition italienne qui suivi (1990). Le principal handicap de l’édition mexicaine fut la chaleur et l’altitude qui, comme en 1970, a énormément écrasé le jeu. On a pu toutefois voir des rencontres de qualité, et notamment un grandiose France-Brésil, dernier grand match purement offensif de l’histoire de l’épreuve.

La particularité de ce Mundial mexicain est d’avoir eu un grand nombre de favoris, mais que ceux-ci se sont écroulés un par un au fur et à mesure de l’avancée du tournoi. Mexico’86 aurait dû être le couronnement de la carrière d’un monstre sacré : Zico le Brésilien, Rummenigge l’Allemand, ou Platini le Français. Aucun des trois n’y parviendra. C’est finalement l’Argentine qui a bénéficié des évènements. Une équipe de joueurs honnêtes, plutôt défensive, mais animée par un joueur exceptionnel : Diego Armando Maradona.

La compagnie Worldmark a réalisé tous les “films officiels” de la Coupe du Monde depuis 1966. La collection est disponible en DVD. Il est recommandé de se procurer également les films des Coupes du Monde d’avant 1966. Il s’agit d’images d’archives restaurées et montées très récemment, d’une valeur documentaire inestimable.

A propos de Hero, de Tony Maylan et de la Coupe du monde 1986

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