A l’encre bleue

CHANSON – C’est un rap spécialement composé par Youssoupha, “Écris mon nom en bleu”, qui accompagne l’équipe de France à l’occasion de l’Euro 2021. Un son puissant dont la qualité a rapidement écrasé la polémique née de ses premières diffusions.

Lorsque le 19 mai 2021 le sélectionneur français Didier Deschamps annonce les 26 joueurs qu’il a convoqué pour disputer l’Euro 2021, retentit comme fond sonore un morceau spécialement composé pour l’occasion par le rappeur Youssoupha : “Écris mon nom en bleu”. Un morceau pour l’équipe de France dans un style hip-hop qui dépoussière considérablement le genre.

Chaque blase est lourd de sens

La vidéo qui illustre le morceau n’est pas sans rappeler quelques génériques d’émissions de sport. On y voit les 26 joueurs de l’équipe de France dans des actions caractéristiques. Les paroles évoquent l’équipe de France et la diversité des origines de ses joueurs. “Défendre les lignes et les frères d’armes. Et si ça peut le faire ça peut faire date. Ça vient des campagnes et des quartiers. Personne va s’écarter le camp sera gardé. Chaque blase est lourd de sens. C’est jour de chance“.

L’époque veut malheureusement que tout soit sujet à polémique. Quelques politiciens en campagne ont fait savoir qu’ils déploraient le choix d’un rappeur pour encourager l’équipe de France. Celui-ci il est vrai n’a jamais caché son peu de sympathie envers certains mouvements politiques et a parfois utilisé des mots très durs à l’encontre de leurs représentants. Sans jamais dépasser le cadre légal, puisque la justice lui a donné raison dans un procès que lui avait intenté un chroniqueur de télévision.

Le hip-hop n’a jamais eu vocation à être une musique consensuelle. La polémique Youssoupha fait écho à celle de son homologue belge Damso, qui deux ans plus tôt avait composé un rap pour les Diables Rouges à l’occasion de la Coupe du Monde en Russie. Le morceau a finalement été censuré, certaines paroles jugées sexistes ayant provoqué le courroux de quelques personnalités politiques.

On aurait pu laisser la polémique aux politiciens et rester dans le domaine du foot et de la musique. Il est dommage que Noël Le Graët, président de la FFF, se soit quasiment excusé du choix fait par le service marketing de la fédération, ajoutant qu’il n’était lui-même pas au courant de ce choix et que ses “jeunes salariés” n’auraient pas dû le faire. Pas très corporate, le président.

Toujours est-il que les joueurs de l’équipe de France apprécient le morceau, tout comme une grande partie de leur public. “Ecris mon nom en bleu” reste d’une qualité supérieure à ce qui est habituellement proposé, que l’on apprécie ou pas la musique urbaine. Question de goût, bien entendu, mais peut-être aussi d’époque.