COMPILATION – A l’occasion de la Coupe du Monde 1998, le quotidien Libération demande à des groupes et artistes de France une chanson sur le foot pour une compilation “Amour Foot“. Onze répondent à l’appel. Suffisamment pour faire une équipe.
Pour fêter comme il se doit l’imminence de la Coupe du Monde en France, Libération fait les choses en grand. Outre un hors série papier où il invite un écrivain de chaque pays qualifié, le quotidien conçoit un CD où quelques figures de la scène rock de France et d’ailleurs mettent en musique leur passion dévorante pour le ballon rond. Il s’agit pour la plupart de morceaux inédits, spécialement composés en la circonstance.
Ce sont les Toulousains de Fabulous Trobadors qui donnent le coup d’envoi. “Coupés du Monde” est une sorte de chanson-reportage où nos troubadours évoquent leurs souvenirs de foot et interviewent les jeunes du quartier Arnaud-Bernard.
“Depuis que je sais marcher, le ballon m’a emballé, le football est ma patrie, je ne la quitterais jamais”
Louise Attaque, groupe-phare du rock français en cette année 1998, prend ensuite le jeu à son compte pour évoquer “Le plaisir de la passe“, un texte riche en métaphores sentimentalo-footballistiques. Dommage que la musique soit un peu trop linéaire.
“On en passe des journées créant des opportunités, on en laisse sur le bas côté, on ne cesse de gérer pour ensuite contre attaquer.
La balle elle se laisse porter de transversales en reprise de volées…“
Le ballon parvient à Jean-Louis Murat, rêveur impénitent, qui gémit “Achille à Mexico“, une allégorie évoquant Michel Platini lors de la Coupe du Monde 1986, qui n’avait pu mener l’équipe de France à la victoire finale à cause d’une blessure… au tendon d’Achille.
“Le genre humain, tous les oiseaux, dans le ciel blanc de Mexico. Tout devenait si personnel entre eux et nous. Solennité, il faut me croire.”
Le jeu s’anime enfin lorsque Cheb Mami s’empare du ballon. Le roi du raï envoie un “Allez les Africains” très calibré, où il encourage toutes les équipes du continent noir présentes à la Coupe du Monde. Mami reste toutefois sceptique sur les chances de victoire finale… mais reste prudent.
“Gagnant ou perdant, on est tous des rois“.
Puis l’on reparle de Michel Platini, dans une chanson à sa gloire, réalisée dux Nancéens tout aussi fameux, Tom Novembre et Charlélie Couture. Les frangins se lâchent sur ce morceau, “Numéro 10“, toutefois classé à la cinquième plage.
Mais c’est un autre club français qui se taille la part du lion, le “Stade Brestoa“, morceau-phare de la compilation que pleurniche le Finistérien Miossec. Trois ans après la “Troisième division“, le foot et la lose inspirent décidément le Breton.
“On s’est bilandeposé, on s’est sabordé, on s’est sousdivisionné, on s’est tandondachillé, on s’est rupturedeligamenté.”
Ismaël Lô intervient pour siffler la mi-temps, en balançant un slow imparable. Le “Bob Dylan africain” comme on aime à le surnommer (tout ça parce qu’il pratique guitare et harmonica), sort un délicieux “Segua“. On ne comprend pas les paroles, mais on est sûr que l’esprit est là.
Marka avait composé sur son premier album une déchirante “ballade du ballon rond“. A l’occasion de la Coupe du Monde, le belge accouplé sort la fanfare pour enregistrer une version plus axée Mondial 98. Il faut au moins çà pour expliquer à sa bien-aimée que c’est la Coupe du Monde, qu’il y a deux matches par jour à la TV et que ça va durer un mois.
“Si parfois je me déshabille, c’est pour une passe avec la Colombie. Si parfois je siffle un peu, c’est pour trois tondus et un Pelé“
Le ballon arrive aux pieds de Youssou N’dour. Tandis qu’il peaufine avec Axelle Red la chanson officielle du tournoi, le Sénégalais livre en avant-première un petit inédit : “Banjoli” (prononcer “Bagnolet“).
Les marseillais du Massilia Sound System viennent apporter leur touche et refourguent “Vas-y Minot” paru sur leur album un an plus tôt, un morceau qui s’appuie également sur des métaphores, plus musicales que sentimentales.
On termine avec le génial bidouilleur Pierre Henry qui avec son morceau “Tokyo 2002” évoque déjà la Coupe du Monde qui suivra celle de 1998. Le doyen de la compilation démontre aux plus jeunes qu’il a toujours un temps d’avance. En même temps, avec un instrumental, on peut mettre le titre qu’on veut.
Reste le package du CD, très vintage avec des photographies de la Coupe du Monde 1966, la finale Angleterre-RFA en couverture et un plongeon de Lev Yachine au dos. Dans le livret, on se délecte d’un un texte très instructif de Yves Bigot, enfant du rock et auteur d’un livre érudit sur le foot, qui résume les rapports ambigus entre ballon rond et guitare électrique.
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