BANDE DESSINÉE – Avec “Les fantômes de Séville”, Didier Tronchet et Jérôme Jouvray plongent à leur tour dans le souvenir du match RFA-France, inoubliable et traumatisante demi-finale de la Coupe du monde 1982.
Deux Coupes du monde remportées depuis ne suffisent pas à effacer le traumatisme. La défaite de l’équipe de France en demi-finale de la Coupe du monde 1982 face à la RFA nous hantera jusqu’à la mort. Le souvenir est particulièrement vif en 2021 où deux bandes dessinées ont exploré le thème : “Mon album Platini” de Sylvain Venayre et Christopher (Delcourt) puis “Les fantômes de Séville” de Didier Tronchet et Jérôme Jouvray (Glénat).
Les fantômes de Séville
L’une comme l’autre ont pour point commun la mise en scène du scénariste comme héros central de l’histoire. Et d’approcher les héros du match, tels Michel Platini et Michel Hidalgo. Si Sylvain Venayre se fait accompagner par Freud, par Thierry Roland et par l’enfant qu’il était à douze ans, Didier Tronchet (par ailleurs footballeur du dimanche), s’appuie sur un ami journaliste pour lui soumettre sa névrose.
Car Séville 1982 hante depuis toujours ce père de famille qui prend le football avec le plus grand sérieux, y compris les parties de son fils auxquelles il est interdit d’assister pour s’être montré trop virulent. Un soir, en revisionnant France-RFA et tout particulièrement la minute où Patrick Battiston est percuté par Harald Schumacher, Didier découvre un élément qui lui avait jusqu’alors échappé. Et qui selon lui est la clé de cette défaite.
Son ami journaliste, fort bienveillant, entreprend alors de le faire rencontrer quelques figures de ce match particulier. Ils se rendent à Amsterdam pour y traquer Charles Corver, l’arbitre néerlandais de la demi-finale. Ils se rendent à Cologne pour discuter avec Harald Schumacher, puis à Bordeaux pour voir Patrick Battiston. Leur périple les emmène ensuite à Genève pour y trouver un étrange Michel Platini et enfin à Marseille où ils rencontrent le sage Michel Hidalgo.
Une autre histoire
L’enquête amènera finalement le héros à s’interroger sur lui-même plutôt que sur les péripéties du match. A chercher à comprendre pourquoi cette rencontre reste une véritable blessure, comme pour tous les gens de sa génération. L’époque du récit se situe exactement entre mars et juillet 2018, entre un match amical de l’équipe de France perdu contre la Colombie et le triomphe mondial des mêmes Bleus quatre mois plus tard à Moscou. Cette actualité semble ne pas concerner le héros, qui ne reconnait pas dans ces champions du monde les dignes héritiers des héros de Séville.
Il ne s’agit pas d’une bande dessinée aussi triste que le pitch le laisserait penser. L’histoire est amusante et très rythmée. Le dessin est particulièrement vif et coloré, avec quelques extraits de match très bien restitués, comme les épisode de Séville, bien entendu, mais aussi le France-Koweït disputé quinze jours plus tôt à Valladolid (l’épisode du Cheikh où Hidalgo est repoussé par la Guardia Civil) ou le but extraordinaire de Maradona inscrit quatre ans plus tard contre l’Angleterre à Mexico.
A propos de Didier Tronchet, Jérôme Jouvray et des Fantômes de Séville
- Ecouter le podcast “Si Séville m’était dessiné” (8 juillet 2021) sur le site Chroniques Bleues
- Lire la présentation des “Fantomes de Séville” sur le site de l’éditeur Glénat
- Commander “Les fantômes de Séville” sur le site BDFugue
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