TROPHEE – C’est le Maillot Jaune qui récompense depuis 1919 le leader au classement général du Tour de France.
Si la plupart des épreuves sportives fournissent une coupe ou une médaille, le cyclisme donne à ses champions un maillot distinctif. A chaque fin d’étape, le leader du classement (qu’il soit général, par points ou autres critères) reçoit un maillot qu’il portera le lendemain et qu’il conservera tant qu’il restera en tête du classement. Et si c’est toujours le cas au soir de l’ultime étape, il s’inscrit au palmarès de l’épreuve.
Eugène Christophe, premier Maillot Jaune
Le Maillot Jaune, qui distingue le leader au classement général du Tour de France, n’est pas né dès la première édition de l’épreuve en 1903. Il a fallu attendre la treizième édition en 1919, la première de l’après-guerre, pour voir apparaître le paletot doré sur le dos du leader au classement général. Et encore a-t-il fallu attendre la onzième étape au départ de Grenoble, le 19 juillet 1919, pour voir Eugène Christophe devenir le premier porteur du Maillot Jaune.
Le Vieux Gaulois, tel était son surnom, avait officiellement reçu ce maillot la veille au soir au café de l’Ascenseur situé à l’angle du boulevard Gambetta et de la rue Béranger, à Grenoble. Une plaque commémorant l’événement a été fixée en ces lieux, le 19 juillet 2019, cent ans après, jour pour jour.
L’idée de ce signe distinctif serait né de l’imagination d’Alphonse Baugé, ancien cycliste devenu journaliste à L’Auto puis collaborateur d’Henri Desgranges dans l’organisation du Tour. La couleur jaune a été choisie en référence aux pages du journal L’Auto, organisateur de la course. Elle a le mérite de se distinguer des couleurs traditionnelles portées par le peloton. Elle ressort en outre visuellement, même sur les photos en noir et blanc de l’époque.
Et si c’était Philippe Thys ?
Comme toute histoire à ses contradictions, le Maillot Jaune, selon le journaliste-écrivain Jean-Pierre de Mondenard, existait avant la guerre 14/18. Le Belge Philippe Thys, vainqueur des Tours 1913 et 1914, affirme que les organisateurs lui ont remis un maillot jaune dès 1913. Un théorie corroborée par d’autres sources toutes aussi sérieuses.
Au fil des décennies, le Maillot Jaune a évolué dans sa forme et dans sa conception. Confectionné à l’origine en laine, il devient plus léger avec l’introduction des fibres synthétiques dans les années 1960. Aujourd’hui, il est conçu en matériaux techniques alliant aérodynamisme, respirabilité et ajustement millimétré, fabriqué sur mesure en fonction de la morphologie du coureur.
Si la couleur de base demeure inchangée, certains motifs apparaissent en fonction des sponsors ou des éditions spéciales, notamment lors des anniversaires de l’épreuve. En 2019, pour le centenaire du Maillot Jaune, plusieurs versions commémoratives ont ainsi été portées. Le nom du coureur et son équipe sont également indiqués sur le maillot, une personnalisation devenue une tradition depuis les années 1980.
A chaque course son maillot
L’usage du Maillot Jaune a largement dépassé les frontières du Tour de France. De nombreuses épreuves cyclistes ont choisi, elles aussi, d’attribuer un maillot distinctif au leader de leur classement général. La couleur varie, souvent pour se démarquer du modèle français.
Le Giro, créé en 1909, a introduit la Maglia Rosa (maillot rose) en 1931, en écho à la couleur du journal organisateur, La Gazzetta dello Sport. La Vuelta, en Espagne, a adopté diverses couleurs au fil du temps – orange, blanc, jaune, or – avant d’opter pour le rouge en 2010. Chaque course a ainsi créé son propre code chromatique, inspiré du modèle du Tour de France.
Au-delà du cyclisme, d’autres disciplines ont repris cette idée d’une distinction visuelle pour le leader d’un classement. En ski alpin, par exemple, un dossard jaune est porté par le leader du classement général de la Coupe du monde. En VTT, en course à pied par étapes ou même en e-sport, des codes visuels similaires ont été mis en place, prolongeant l’influence du Maillot Jaune dans d’autres univers sportifs.
