FILM – Dans « Le vélo de Ghislain Lambert », Benoît Poelvoorde et le réalisateur Philippe Harel rendent hommage, dans une comédie hilarante, aux laissés-pour-compte du peloton.
Ghislain Lambert est né le même jour qu’Eddy Merckx. Les deux hommes sont Belges et pratiquent le cyclisme au niveau professionnel. Mais les points communs s’arrêtent là. Tandis que le Cannibale enchaîne les victoires, Lambert a toutes les peines du monde à se faire une place dans le peloton.
Ghislain Lambert, un anonyme dans le peloton
Comme tous les rouleurs de l’ombre, Lambert aimerait bien s’échapper du peloton, aspirer quelques secondes d’éternité et s’en remplir plein les poumons. Mais il n’a jamais connu la gloire, n’étant qu’un vulgaire passeur de bidons qu’on voit passer l’été sur les boulevards, noyé dans une meute bleue jaune marron.
L’acteur Benoît Poelvoorde et le réalisateur Philippe Harel ont voulu à travers “Le vélo de Ghislain Lambert” rendre hommage à ces sportifs dévoués qui ne connaissent pas la gloire. Le film est avant tout destiné à faire rire, mais il pointe également les travers du sport professionnel et du cyclisme.
Le rôle principal est tenu par Benoît Poelvoorde, qui malgré toute sa belgitude, n’est pas vraiment un grand passionné de cyclisme. Pour préparer ce rôle, il s’est entraîné comme un coureur professionnel. Il incarne un Lambert à la fois maladroit, attachant et obstiné. À ses côtés, José Garcia joue un frère manager un peu filou mais dévoué à la réussite de son frangin. On aperçoit également un excellent Daniel Ceccaldi en directeur sportif un peu dépassé par les événements.
Hiérarchie, dopage et médiatisation
Le déroulé du film se compose de trois parties. Dans la première, Ghislain Lambert découvre le monde pro et son univers difficile : les entraînements intensifs, les règles strictes, les sacrifices… mais aussi la hiérarchie écrasante. Il comprend rapidement qu’il n’est pas là pour gagner, mais pour servir les autres.
Dans le deuxième, l’équipier de l’ombre se met à rêver de gloire et se laisse tenter par le dopage. Cette partie aborde frontalement la question des pratiques illicites, mais cela n’empêche pas le héros de connaître de nouvelles déconvenues.
La troisième partie, enfin, voit Lambert devenir célèbre… tout simplement parce qu’il est le dernier au classement général. Une chaîne de télévision décide d’en faire une mascotte, transformant son échec sportif en spectacle médiatique. Le film pointe alors l’absurdité de la surmédiatisation et le cynisme de certains journalistes.
Une ode au cyclisme… mais aussi une satire
Le film recrée parfaitement l’ambiance cycliste de la fin des années 1970. On y retrouve les maillots en laine, les vieux vélos, les casquettes d’époque et même les voitures suiveuses pleines de bidons et de pièces détachées.
Les scènes de course ont été tournées dans les Ardennes belges, notamment autour de Spa, Stavelot et Trois-Ponts, des régions connues pour leurs routes vallonnées. Certaines scènes ont aussi été filmées dans le sud de la France, dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Cévennes, pour les étapes de montagne. Ces décors naturels donnent un aspect très réaliste aux courses.
“Le Vélo de Ghislain Lambert“ fait désormais partie des classiques des films d’humour francophones. Le film est régulièrement diffusé à la télévision, notamment en juillet. Les passionnés de vélo continuent à y faire référence. Des maillots de l’équipe (fictive) de Lambert ont été produits pour le commerce. Certaines courses amateurs ont pour nom le “challenge Ghislain Lambert”.
Sur le web
- Lire l’article « Suspecté de dopage mécanique, un coureur héros du film «Le vélo de Ghislain Lambert» prend la fuite » (Ouest-France 21/05/2024)

SPORT ET CINÉMA (Gérard Camy & Julien Camy)
La tumultueuse histoire qui lie le sport et le cinéma fait l’objet d’un ouvrage, une véritable bible qui recense, discipline par discipline, les long-métrages du septième art dont le sport est la trame principale. Un excellent travail de recherche et de documentation signé Gérard et Julien Camy.
« Sport & Cinéma » de Gérard Camy & Julien Camy (2021, Amphora). 460 pages. 245x315mm. EAN:9782757605189.






