Robin Friday, animal furieux

Super Furry Animals "The man don't give a fuck"

CHANSON – Avec leur single “The man don’t give a fuck” (1996), les Gallois de Super Furry Animals rendent hommage à l’un des joueurs les plus déjantés de l’histoire du foot, Robin Friday.

Robin Friday fut l’objet d’un best-seller titré “The Greatest Footballer You Never Saw“.Il a été élu meilleur joueur de l’histoire de deux clubs. Il a marqué l’un des plus beaux buts de l’histoire du foot anglais. Il n’a jamais joué en première division anglaise. Sa carrière n’a pas duré plus de quatre ans.

Le phénomène a joué au Reading FC puis à Cardiff City.Malgré un talent qu’il l’aurait porté au rang d’international, jamais il n’a voulu rejoindre les grosses cylindrées du foot anglais. Celles-ci, en même temps, ne cachaient pas leur frilosité à l’idée d’engager la bête. Friday était heureux en quatrième division. Il jouissait d’un statut de local hero et d’une liberté totale.

Pour tout dire, Robin Friday aurait fait passer George Best pour un premier communiant. Il buvait comme un trou et fumait comme une cheminée. Il arrivait à certains matches dans un état plus qu’inquiétant, débutant la partie un peu perdu du fait d’une préparation à base d’acides en tout genre. Mais au bout de quelques minutes, une fois les substances dissipées, Robin Friday reprenait le contrôle et gagnait souvent le match à lui tout seul. S’il le voulait bien.

A Elm Park, le vieux stade de Reading, on se régalait des extravagances de Robin Friday, capable d’aller embrasser un policier et jouer quelque temps avec sa casquette sur la tête. Il aimait aussi baisser les shorts de ses adversaires. Et aussi régler lui-même ses comptes avec les défenseurs trop insistants.

Pour peu qu’il se soit fait expulser, ce qui lui arrivait souvent, Robin Friday n’oubliait pas de passer dans les vestiaires de l’équipe visiteuse pour uriner sur les affaires de ses adversaires. Un jour, il se fit exclure pour obscénité : il dribbla deux défenseurs, le gardien, se retourna pour faire un geste obscène au portier, arrêta le ballon devant la ligne, s’allongea et le poussa de la tête. But + expulsion, un beau doublé.

Après le match, Robin Friday reprenait une vie normale : pub, bagarres, boites de nuit, alcool, acides, cigarettes et filles de passage. En soirée, Friday portait volontiers talons compensés et manteaux en fourrure, dans le plus pur style glam-rock. Il ajoutait une touche personnelle en ne portant absolument rien en-dessous.

Il n’était pas rare de le retrouver en prison. Son casier est assez bien rempli : exhibition, bagarres, attaque d’un chauffeur de taxi (avec… une fourchette en plastique !). Il a également été condamné pour avoir volé un cygne, fait d’autant plus aggravant qu’au Royaume Uni, tous ces volatiles appartiennent à la Reine.

Mais Robin Friday restait un footballeur prodigieux. Il inscrivit un jour un but contre Tranmere, considéré comme un but du siècle : contrôle à trente-cinq mètres dos au but, deux jongleries et volée pied droit en pleine lucarne. Après trois ans à Reading, il a rejoint les rangs de Cardiff City.

Sa carrière se termina à l’issue d’un fameux Cardiff City-Luton Town où il inscrivit deux buts au gardien Milija Aleksic. Après le second, Friday adressa au gardien un magnifique ‘V sign’ qui déclencha une émeute. Le geste, capté par une photographie, terminera sur la pochette du single que les Super Furry Animals lui consacreront en 1996, “The man don’t give a fuck“, un morceau où le dernier mot du titre revient trop souvent selon Radio One, qui a tout bonnement cessé toute diffusion.

Robin Friday a quitté le monde du foot à 26 ans. Il a continué de consumer sa vie jusqu’à l’âge de 39 ans où son corps l’a définitivement lâché, fatigué de trop d’excès. Robin Friday reste l’objet d’un culte chez les fans de foot britannique.

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