FILM – Sorti en 1981, “Les chariots de feu”(Chariots of Fire) de Hugh Hudson s’inspire de l’histoire de deux athlètes britanniques héros des Jeux olympiques de 1924.
“Les chariots de feu” est reconnu comme l’un des plus grands films sportifs du cinéma. Sorti en 1981, il s’inspire de l’histoire de Harold Abrahams et Eric Liddell, deux champions britanniques d’athlétisme concourant aux Jeux olympiques de Paris en 1924. Au-delà de la qualité du film, celui-ci reste marqué par la musique composée par Vangelis.
Au service de sa majesté
Le contexte de la création de ce film nécessite d’être raconté. À la fin des années 1970, le Royaume-Uni traverse une période de crise économique et de tensions sociales. Dans ce contexte, le producteur David Puttman rêve d’un film célébrant la grandeur du Royaume, ou pour reprendre ses mots, « un film britannique avec des héros britanniques« .
Le sport et son histoire sont un terreau pour célébrer ce type de valeurs. Le producteur remonte aux Jeux olympiques de 1924 et à l’histoire d’Eric Liddel, un pasteur écossais qui pratiquait autant l’athlétisme que la religion. Chrétien protestant évangélique, Liddel est né en Chine dans une famille de missionnaires. Excellent coureur, il refuse toutefois de prendre part à une course lorsque celle-ci est programmée un dimanche. Or, la finale du cent mètres des Jeux de Paris se déroule un dimanche.
Le champion décide donc de concourir sur le quatre-cents mètres, obligeant ainsi un coéquipier à se désister. L’Ecossais remportera la médaille d’or. L’épreuve du cent mètres quant à elle a été remportée par Harold Abrahams est un étudiant juif de l’université de Cambridge. Victime de préjugés antisémites, il se bat pour démontrer sa valeur et engage un entraîneur personnel, Sam Mussabini, dans la perspective des jeux de Paris. Une décision peu courante à l’époque.
Le sport, la foi et le drapeau
L’histoire permet donc de célébrer plusieurs vertus : le dépassement de soi, le patriotisme, l’ambition, la foi, la loyauté… Le projet est confié au scénariste Colin Welland, qui effectue d’importantes recherches pour dresser une histoire d’une heure et demie. La réalisation du film est confiée à un inconnu, Hugh Hudson, qui s’est surtout illustré dans le monde publicitaire, et qui a peu d’expérience dans le cinéma.
Le producteur David Puttman profite de l’engouement des Jeux de Moscou, en 1980, pour trouver des financements. Du côté américain, le projet de film est jugé trop Britannique. Et du côté britannique, le projet est jugé trop cher. Le producteur va toutefois trouver un homme providentiel pour financer son film, un certain Dodi Al-Fayed, vingt-cinq ans, fils du milliardaire Mohamed Al-Fayed, devenu propriétaire des magasins Harrods en 1979.
Les rôles principaux sont tenus par Ben Cross (Abrahams) et Ian Charleson (Liddell). À leurs côtés, Ian Holm se distingue dans le rôle de l’entraîneur Sam Mussabini, ce qui lui vaudra une nomination aux Oscars. Le réalisateur Hugh Hudson transforme son manque d’expérience en atout en apportant un regard neuf et en donnant au film un souffle que n’aurait peut-être pas su apporter un réalisateur plus expérimenté.
Deux médailles d’or et quatre Oscars
Parmi les conseillers techniques, Hugh Hudson peut compter sur l’Ecossais Tom McNab, ancien entraîneur de l’équipe britannique (et futur auteur du roman “La grande course de Flanagan”). Plusieurs anciens athlètes par ailleurs ont aussi été utilisés comme figurants ou doublures.
Les premières images du film voient plusieurs jeunes athlètes britanniques courir sur la plage. Un formidable ralenti illustré par ce qui deviendra la marque principale du film : sa musique. Celle-ci est composée par l’un des rares non-Britanniques du générique, le musicien grec Vangelis. Celui-ci opte pour des sons électroniques modernes là où l’on aurait attendu une musique plus classique correspondant aux années 1920.
Les Chariots de feu rencontre un immense succès à sa sortie, notamment aux Etats-Unis où il est le film anglais le plus vu. Il est récompensé de quatre Oscars, celui du meilleur film, du meilleur scénario, de la meilleure musique et des meilleurs costumes. Le thème musical sera repris dans des publicités et des cérémonies. Il fera notamment l’obejt d’un sketch mémorable joué par Rowan Atkinson lors de l’ouverture des Jeux olympiques de Londres.
Sources et inspiration
- L’article « Au service de leur majesté » de François Guillaume-Lorrain paru dans L’Equipe Magazine No1145 du 8 mai 2004.
- Le livre « SPORT ET CINÉMA » de Gérard Camy & Julien Camy (Amphora 2021)






