LIVRE – “Fever Pitch” de Nick Hornby, journal désenchanté d’un supporter de l’équipe la plus ennuyeuse d’Angleterre, est un livre important dans l’histoire qui lie la littérature au football.
Qui a, au sein d’un club de football, le rôle le plus ingrat ? L’entraîneur ? Le président ? Les joueurs ? Selon Nick Hornby, la pire des conditions est bien celle du supporter. Car si les joueurs, le coach ou les dirigeants sont liés par contrat à un club, ils ne le sont que de manière provisoire. Ils peuvent toujours, un jour où l’autre, aller voir ailleurs. Le supporter, lui, ne peut pas. C’est toute sa vie qu’il sera attaché à un club. Il n’a pas de contrat : c’est son coeur qui est lié à son équipe préférée.
A propos d’un gamin
Nick Hornby est devenu supporter d’Arsenal par hasard, presque à son corps défendant. Son père l’emmena un jour voir un match à Highbury, et il succomba à la magie du stade. Depuis, il se considère comme atteint d’un mal incurable : Fan d’un club de foot, qui plus est de l’équipe la plus ennuyeuse d’Angleterre, le Boring Arsenal.
Bien sûr, il y a de grands moment de joie, comme le fameux doublé Cup-Championnat des Gunners emmenés par le bouillant Charlie George en 1971. Et puis cet extraordinaire final du Championnat 1989, qu’Arsenal décrocha à l’ultime minute de l’ultime journée. Mais entre ces moments, combien de matches navrants, combien d’espoirs déçus, tous ces après-midi au stade à se dire qu’on aurait mieux fait de rester à la maison.
Le pire, c’est qu’on y retourne à chaque fois, à ce foutu stade, ce théatre de nos frustrations. Ne pas retourner voir notre équipe favorite, fut-elle la plus mauvaise du monde, serait synonyme de trahison, d’infidélité. C’est bien connu, le vrai supporter se doit d’être présent lorsque son équipe va mal.
Haute fidélité
Fever Pitch est un livre important dans l’histoire qui lie la littérature au football. Pour la première fois un écrivain a pu coucher sur papier les émotions véritables d’un passionné de foot. Le livre est devenu un best-seller en Angleterre et fut porté à l’écran en 1997 par David Evans.
Ce livre a également généré un style nouveau, l’autobiographie du supporter. De nombreux erzatz ont vu le jour chacun portant sur un club différent.
De ce coté-ci de la Manche, le récit souffre de la traduction approximative d’une personne à qui sans doute quelques subtilités du foot échappe. Mais une fois ces imperfections corrigées de nous-même, Carton Jaune demeure un livre jubilatoire, souvent drôle, et qui rassure chacun de nous sur notre condition de supporter.
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