THÉÂTRE – Dans “La Stratégie du hors-jeu” de Thomas Gunzig (2013, Au Diable Vauvert), un dénommé Raymond expose ses théories de la vie en revenant sur deux rencontres marquantes de la Coupe du monde 1986.
Dans l’imaginaire du passionné de foot, la notion de stratégie du hors-jeu nous conduit souvent en Belgique. Non pas que le hors-jeu y ait été inventé, mais sa stratégie a été élevée au rang d’art par le club d’Anderlecht dans les années soixante puis la sélection des Diables Rouges.
Quatre théories
Il est donc inévitable qu’un texte ayant pour titre “La Stratégie du Hors-Jeu” soit l’œuvre d’un Belge et qu’il soit édité chez un éditeur dont le nom fait référence au diable. Avant d’être une œuvre littéraire (soixante pages), le texte de Thomas Gunzig est une courte pièce de théâtre, jouée par un homme seul. Un sketch pourrait-on dire où le rire se partage avec la philosophie.
Il s’appelle Raymond et il est un entraîneur de football réputé. Le pitch emploie même le terme de “légendaire”. On pense irrésistiblement à Raymond Goethals, et on ne se trompe pas beaucoup. La pièce à l’origine, quand elle fut créée à Bruxelles en 2013, avait “Raymond” pour titre. Elle était jouée par Josse de Pauw et mise en scène par Manu Riche.
Raymond, donc, a besoin de parler. Son monologue a pour objet de déterminer les vérités fondamentales qui forgent le destin d’un homme: “Quand on a mon âge, la plupart des gens ont une théorie sur la vie. Et bien moi, j’en ai quatre”. Raymond évoque plus précisément ces moments de la vie où tout bascule, une dispute évitée avec son père ou une jeune fille qui refuse nos avances. La démonstration n’est pas avare en métaphores footballistiques. Mais elle s’étend vers d’autres domaines, évoque Johnny Weissmuller, et décrit, à la manière d’un entraîneur, la complémentarité entre les cons et les méchants.
Diego Maradona et Steve Hodge
Dans sa plaidoirie, Raymond nous emmène au Mexique, en 1986, où a eu lieu la Coupe du monde. Il évoque deux faits marquants du tournoi : le premier but de Diego Maradona contre l’Angleterre et la victoire extraordinaire de l’équipe de Belgique contre celle d’URSS en huitième de finale. Deux faits entachés d’irrégularités : le but de l’Argentin est inscrit de la main, et les Belges ont marqué deux buts sur hors jeu.
Raymond évoque aussi, très rapidement, Johan Cruijff et les cigarettes qu’il fumait à la mi-temps, qu’il considère comme un geste de liberté. Mais quand on referme le livre, c’est surtout de l’Anglais Steve Hodge dont on se souvient : “Ce type était tellement maladroit qu’il était même pas capable de mettre un sucre dans son café. Steve Hodge, je ne sais pas comment il était arrivé en équipe nationale. D’ailleurs il a terminé sa carrière en troisième division au Leyton Orient.”
A propos de Thomas Gunzig, Josse de Pauw et de Raymond
- Lire la présentation de “Raymond”, mis en scène au théâtre de Bruxelles en 2012 sur le site De Singel
- Lire la note de lecture de “La Stratégie du Hors Jeu” (Thomas Gunzig) sur le blog Charybde 27
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