Rond comme un ballon

Histoire du ballon de football

OBJET – Le ballon est l’objet incontournable du football. Longtemps simple boule de cuir brun emplie, le ballon évoluera au fil du temps pour être plus rond et plus léger.

(Article mis à jour en avril 2021)

Jusqu’aux années soixante, on joue avec un ballon de cuir marron qui devient lourd avec la pluie, fait parfois mal et, au fur et à mesure qu’il vieillit, devient de moins en moins rond. En 1963, la firme allemande Adidas se lance dans la recherche scientifique du ballon de foot. Son premier modèle a pour nom Santiago. Par la suite, Adidas devient partenaire de la FIFA, et à partir de 1970, devient l’unique dépositaire du Ballon officiel de la Coupe du Monde.

Telstar

Lors de la Coupe du monde 1970 au Mexique, Adidas présente son premier Ballon Officiel, le Telstar (du nom du satellite qui retransmettait les rencontres en direct sur toute la planète). Ce ballon est le premier à être constitué de pentagones noirs. Il deviendra rapidement le type même du ballon de football moderne. Le Telstar est utilisé quatre ans plus tard pour la Coupe du monde 1974. Il est tout blanc et porte curieusement le nom de Telstar-Chili.

Adidas Tango 1978

En 1978, pour la Coupe du Monde en Argentine apparaît le Tango, un ballon au design plus travaillé, des triades remplaçant les pentagones. Composé de 32 éléments, ce ballon semble n’avoir ni commencement ni fin. Difficile de deviner à quel endroit de l’enveloppe ont été réalisés les derniers points de couture. Comme le Telstar, le Tango connaitra un grand succès et une longue vie. Il est utilisé en 1982 sous le nom de Tango España, pour le Mondial espagnol. Jusqu’à la fin du XXe siècle, la Coupe du monde sera disputée avec un ballon Tango avec de légères variantes locales sur les triades pour chaque édition : des motifs aztèques pour l’Azteca (Mexique 1986), romains pour l’Etrusco (Italie 1990), étoilés pour le Questra (USA 1994) puis colorés pour le Tricolore, (France 1998).

Azteca

L’Azteca, ballon de la Coupe du monde 1986, est le premier ballon entièrement synthétique. Constitué d’une enveloppe extérieure avec un revêtement anti-usure, couvrant trois autres enveloppes de structures différentes en Adicron, ce modèle se montre plus résistant, plus imperméable et indéformable.

Etrusco

En 1990, la Coupe du Monde italienne adopte l’Etrusco, un ballon high-tech, entièrement fabriqué à partir de matériaux synthétiques évolués. Son design conserve les triades dans lesquelles apparaissent des têtes de lions. L’enveloppe interne est constituée d’une texture imprégnée de latex assurant résistance et indéformabilité. Une enveloppe intermédiaire en néoprène assure l’imperméabilité. Quant à l’enveloppe extérieure en polyuréthane, elle évite l’usure et assure l’élasticité au rebond.

Questra

Le ballon de la Coupe du Monde 1994, aux States, s’appelle le Questra. Son design est proche de l’Etrusco, des étoiles ayant remplacé les têtes de lion. Cocorico, ce modèle a été conçu en France, au centre d’études et de recherche Adidas. Il est constitué de cinq matériaux différents, avec une enveloppe extérieure élastique mais très résistante en polyuréthane. Avant le tournoi, il a été testé en France, en Allemagne et aux Etats-Unis, avec des joueurs professionnels, des amateurs et des équipes de jeunes.

Tricolore

Le design du Tricolore, ballon officiel de la Coupe du Monde 1998, inclus pour la première fois des couleurs dans les triades, en l’occurrence du bleu et du rouge. Fruit d’une nouvelle avancée technologique, ce modèle se compose d’une couche de mousse qui reprend, en l’améliorant, la mousse traditionnelle High Compression Rapid Respone Polyurethane. Ce nouveau matériau, appelé mousse syntactique, présente de meilleures caractéristiques, tant au niveau de la compression que de la réaction, et rend ainsi le ballon plus souple et plus rapide que son prédécesseur, le Questra.

Fevernova

Le ballon de la Coupe du Monde 2002 se distingue d’abord par un design faisant table rase du passé. Le Fevernova est de couleur or avec d’immenses flammes rouges. Sa conception reprend quand à elle la couche de mousse syntactique, améliorée par des micro-billes remplies de gaz résistant à de fortes pressions. Cette technologie permet, selon Adidas, des frappes plus puissantes et plus précises. Du coté des joueurs, c’est un autre son de cloche. Beaucoup le trouvent trop léger, et les gardiens de buts l’estiment trop “flottant”. La finale Brésil-Allemagne basculera d’ailleurs sur un rebond mal négocié par le gardien allemand Oliver Kahn qui profitera à Ronaldo. Le portier germanique, sous contrat avec Adidas, ne fera aucune déclaration.

Les mêmes polémiques surgissent deux ans plus tard avec le Roteiro, ballon officiel du Championnat d’Europe au Portugal. Portant le nom du journal de bord du navigateur portugais Vasco da Gama, ce modèle au design novateur a une surface très lisse, pratiquement sans couture, et possède selon Adidas “une technologie innovante d’équilibre de la puissance”. Au milieu des voix qui s’élèvent contre ce “ballon de plage“, la super-star anglaise David Beckham rétorque que le ballon lui plait : “Mes frappes sont plus précises avec ce ballon“. Le Spice boy parviendra pourtant à manquer deux penalties durant le tournoi, dont un, en quart de finale contre le Portugal, qu’il enverra dans les tribunes. Récupéré par un spectateur, le ballon sera mis aux enchères sur www.ebay.com et rapportera 28.600 euros. Ce ballon décrié a fait au moins un heureux.

Le Teamgeist (“esprit d’équipe” en Allemand) est le ballon officiel de la Coupe du Monde 2006. Fabriqué par Adidas, sa conception diffère des ballons de football traditionnels, qui possèdent 32 découpages (20 hexagones et 12 pentagones), alors que Teamgeist n’a que 14 découpages, ce qui selon Adidas “assure une meilleure précision aux joueurs grâce à une surface plus lisse et sphérique”. Le coloris du ballon revient au noir et blanc, mais le ballon de la finale est quand à lui doré.

L’Europass est le ballon officiel du Championnat d’Europe 2008. Avec ses ronds noirs sur fond blanc, il revient à un design plus traditionnel. Son enveloppe, constituée d’une texture très adhérante, permettrait aux joueurs de maitriser le ballon quelque soit les conditions météo. Comme ses prédecesseurs, sa vitesse et sa légèreté font grogner les gardiens de but. Sur les frappes lointaines, sa trajectoire peut varier brusquement, à tel point qu’avant le tournoi, le gardien allemand Jens Lehmann prédit des “buts comme on en a jamais vu jusqu’à présent“. Celui qu’il se prendra en finale contre l’Espagne (1-0) ne sera toutefois pas un but très extraordinaire.

Le Jabulani (“Être joyeux” en zoulou) est le ballon officiel de la coupe du monde 2010. Il affiche onze couleurs différentes, censées représenter les 11 joueurs de chaque équipe mais aussi les 11 langues officielles de l’Afrique du Sud ainsi que les 11 tribus qui donnent au pays la plus grande diversité ethnique du continent africain. Evidemment, le ballon fait râler les gardiens de but qui le trouvent trop léger, le gardien espagnol Iker Casillas de comparant même à un ballon de plage. Les joueurs de champs ont aussi élevé la voix pour le ballon aux rebonds capricieux qu’ils ne parvenaient pas toujours à dompter. Même la NASA s’y serait mise en affirmant que le ballon prendrait des trajectoires aléatoires a partir de 72 km/heures.

Tango 2012

Alors que le vingt-et-unième siècle semblait avoir enterré le ballon Tango, ce modèle fait une surprenante réapparition en 2012 lors du Championnat d’Europe en Pologne et Ukraine. Il reprend les triades, même si celles-ci sont plus larges que le modèle de 1978. Le Tango est éternel.

ballon-2014-brazuca

Le nom du ballon officiel de la Coupe du Monde 2014 au Brésil signifie “Brésilien” en langage familier. Fabriqué au Pakistan, le Brazuca est composé de six pièces de polyuréthane hélicoïdales et décoré de courbes multicolores sur fond blanc. Longtemps décrié par les joueurs et les gardiens de but pour la légèreté excessive de ses ballons, Adidas s’est efforcé de fabriquer un ballon légèrement plus lourd.

Le ballon de l’Euro 2016, nommé Beau Jeu, reprend les meilleurs éléments du Brazuca en y ajoutant une touche française avec des teintes bleu-blanc-rouge.

Alors que le championnat d’Europe ukraino-polonais de 2012 avait réhabilité le Tango, la Coupe du monde russe de 2018 remet au goût du jour le Telstar des années 1970. Le Telstar-18 reprend en effet le principe du noir et blanc de son glorieux prédécesseur à ceci près que les panneaux noirs se déclinent en éléments pixelisés. A l’issue du premier tour apparait le Telstar Mechta, dont les panneaux sont rouges, couleur symbolique du pays hôte.

Le ballon du championnat d’Europe 2020, décalé à 2021 en raison de la pandémie du Covid-19, a pour nom Uniforia, qui serait un mot-valise associant les mots unity et euphoria. Le design représenterait symboliquement des ponts, le tournoi étant censé se dérouler dans douze villes d’Europe. On peut également lire sur le ballon les coordonnées GPS de chaque ville hôte.

En somme, à chaque grand tournoi de foot, Adidas invente un ballon révolutionnaire, de plus en plus léger et de moins en moins maîtrisé par les joueurs, et notamment les gardiens de buts. Toutefois, toutes les technologies du monde ne rendront pas les buts plus nombreux, ni plus beaux. Tant que le ballon restera rond, c’est le talent des joueurs qui fera la différence.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire