CITATIONS – Tout au long de sa carrière de footballeur, et même après, Eric Cantona a dispensé quelques aphorismes qui ont contribué à sa légende. Florilège.
La classique
When the seagulls follow the trawler, it’s because they think sardines will be thrown into the sea (Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est qu’elles pensent qu’on va leur jeter des sardines)
Liberté, voyage
Je suis un homme libre et je tiens à cette liberté. Je suis un homme du voyage, capable, de tout abandonner pour des richesses inconnues. En dehors de ceux qui m’aiment rien ne me retient. (France-Soir 12 Octobre 1992)
Journalistes
Je dois beaucoup aux journalistes, qui m’ont appris à réfléchir. Sans eux, je ne me poserais pas autant de questions.
Mystère
Sur ma tombe je ne veux aucune inscription. Une pierre vierge, parce que je voudrais laisser derrière moi le sentiment d’un grand mystère (L’express, août 1993)
Défaite
Je suis exigeant. Je crois qu’il faut avoir honte de perdre. Il faut toujours rougir de la défaite (Le Sport, 12 septembre 1987)
Je joue pour me battre contre l’idée de perdre.
Meilleur
Je me suis fixé un objectif : être le meilleur. Je n’y arriverais peut être jamais, mais, au moins je vis pour quelque chose (Le Nouvel Observateur, 12 Novembre 1989)
Défauts
Dans le passé, quand j’ai essayé de me corriger : j’ai perdu mon football.
Caractère
Sans me comparer à Mac Enroe : est ce que vous pensez vraiment qu’il aurait possédé les mêmes coups, la même inspiration avec le caractère de Borg ? Impossible !
Soleil
La vie est toujours trop cruelle. Tout ce que nous pouvons faire, c’est essayer de passer le ballon et laisser le soleil briller. En espérant qu’il brille pour tout le monde.
Argent
Chez moi, le plaisir aura toujours une valeur supérieure à l’argent. Et mon comportement ne changera pas en fonction de l’argent que je gagnerai ou pas. Traitez-moi de démago, rien n’y fera ! Je suis prêt à tout assumer : mon caractère instable, mon manque de réflexion, mes mouvements d’humeur, mon insuffisance de formation, mais je jure que jamais, jamais l’argent ne me fera courir plus vite, sauter plus haut, bref, ne me fera sortir de moi-même.
Famille
Ma famille ils sont simples, très simples et rigolos. A la maison, on passe toujours des heures à table. C’est la famille à l’italienne, avec de la chaleur, des cris, des rires et des engueulades. Aujourd’hui encore, lorsque mon père et ma mère ont des mots pour un rien, les larmes me viennent aux yeux. Je déteste la dispute entre les gens qui s’aiment. Et j’en pleure. Mes frères sont différents. C’est ma nature, je n’y peux rien.
Patrie
La Marseillaise elle ne me fait plus rien. J’ai joué plus de quarante fois en équipe de France. Je l’ai écoutée plus de quarante fois. C’est comme un disque. Tu l’écoutes. Quand tu en as marre, tu le ranges. Terminé. Je joue pour une équipe, des copains, pour le plaisir du football et celui des gens qui viennent.
Hymne
Pourquoi devrait-on respecter les hymnes ? C’est le bordel, la vie. Faut continuer dans le bordel. L’ordre, ça me tue. Je ne suis pas un soldat. Le foot, ce n’est pas le défilé du 14 juillet. Le foot, c’est léger.
Rebelle
Rebelle, aujourd’hui, ce mot ne veut plus rien dire. Tout le monde se l’accapare. Il est tombé dans le domaine public. Les rebelles ? On ne sait plus qui sont les authentiques et les faux. L’apparence de l’homme n’a pas d’importance. Elle n’en a jamais eu. C’est l’intérieur qui compte. Etre fidèle à sa morale. Ne pas avoir à rougir. Ne pas avoir honte de soi.
Jonglages
Le ballon, c’est comme les femmes. Il aime les caresses.
Peinture
J’aime peindre la folie. Tout ce qui me traverse la tête. Un mélange de statue de la liberté, de tour Eiffel, d’hélice qui tourne. Ma peinture ? Un sac de nœuds ! Quand je peins, c’est un peu comme quand je marque un but. Je ne suis plus dans le réel. Je décolle. Une sensation si puissante qu’elle me dépasse. Je suis seul au monde. Je suis fou et j’aime.
Angleterre
Je ne peux pas dire que je connaissais l’Angleterre. En dehors des préjugés des Français sur les Anglais, je ne savais pas vraiment où j’allais. C’était l’inconnu.
Valeur
Les Britanniques aiment la terre, la nature, les animaux. Ils apprécient les vraies valeurs, celles que mon père a essayé de m’inculquer. Le reste est littérature.
Arrogance
On dit des Anglais qu’ils sont arrogants. Moi je dis qu’ils ont raison de l’être.
Manchester
Je me sens proche de la jeunesse insolente et pleine de vie de cette région. L’avenir nous séparera peut-être, mais nul ne peut nier que, derrière ses tristes carreaux, Manchester abrite un amour insensé du football, de la fête et de la musique.
Passage
Comment un fils d’Italiens, un Marseillais, peut-il s’adapter à Manchester ? J’ai ma réponse : je suis de passage. Dans l’existence, parfois, on trouve des mots qui font du bien. J’ai trouvé : de passage. Quand j’ai un problème en Angleterre, je me dis : je ne suis pas d’ici. Quand j’ai un problème en France, je me dis bientôt, je retourne sur mon île. Et je me sens bien. Parce que je ne m’investis dans rien. Je n’appartiens à personne. Je deviens plus con, parce que je me sens moins concerné. Je réfléchis moins. Je me sens allégé.
Voleur
Je me vois un peu comme le Robin des Bois des temps modernes. Voler aux riches pour donner aux pauvres. Si je n’avais pas fait de foot, j’aurais fait des trucs comme ça.
Dopage
Les partenaires dopés, je ne les méprise pas, mais j’ai du mal à comprendre. Comment ils font pour n’avoir aucun amour-propre, aller signer des autographes à des gamins, s’accepter ?
Grandir
Aujourd’hui, à trente-sept ans, je me demande encore ce que je ferais quand je serais grand.