EXTRAIT – Quelques minutes de foot en plus avec le film turc “Mustang” (2015) de Deniz Gamze Ergũven qui évoque un match particulier de 2011 à Istanbul.
En septembre 2011, au stade Şükrü Saracoğlu d’Istanbul, les clubs de Fenerbahçe et Manisaspor se séparent sur le score de 1-1. Ce match de championnat n’est pas aussi banal qu’il en a l’air : Il s’est joué devant 41.000 spectateurs, un public entièrement composé de femmes et d’enfants.
En effet, quelques jours plus tôt, suite à un match de Fenerbahçe arrêté par l’irruption de spectateurs sur le terrain, la fédération turque de football décida de sanctionner le club stanbouliote de manière originale : Plutôt qu’une rencontre à huis-clos, la rencontre fut tout simplement interdite à tout spectateur masculin de plus de douze ans.
Ainsi pour la première fois dans l’histoire une rencontre de football professionnelle fut joué devant une audience à grande majorité féminine.
C’est à partir de ce match que la réalisatrice turque Deniz Gamze Ergũven a imaginé son film “Mustang” sorti en 2015. Il raconte l’histoire de cinq sœurs de 12 à 16 ans vivant en Turquie dans un environnement masculin particulièrement répressif. Ces jeunes femmes condamnées aux tâches ménagères décidèrent de marquer leur désir d’émancipation en s’échappant de la maison pour aller au stade assister à la rencontre de foot historique.
Bien que pratiqué par des hommes, ce match est perçu comme un espace de liberté et le symbole d’une revendication de la condition des femmes.
A leur retour, Sonay, Selma, Ece, Nur et Lale subiront les foudres de leur oncle venu régner sur la maison où elles ont vécu jusqu’alors élevée par leur grand-mère. Rebelles et indociles, les jeunes filles se heurteront à la tradition : mariages forcés, tâches ménagères, soumission à l’homme jusqu’à être parfois l’objet de viols…
Peut-être qu’un jour ce match ente Fenerbahçe et Manisaspor entrera-t-il dans l’histoire. Mais le film de Deniz Gamze Ergũven a surtout démontré que le chemin vers l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes est encore long.
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