POLAR – “Le sang de Manchester” (Hugo Sports, 2022) de Vincent Radureau mène l’enquête au cœur même de la rivalité qui oppose United et City, les deux clubs de Manchester.
Quand on la charge d’enquêter sur un crime dans une ville comme Manchester, la jeune capitaine de police comprend vite qu’elle ne résoudra pas l’énigme si elle n’intègre pas des données purement footballistiques dans sa réflexion. L’affaire n’est pas banale. Dans un chantier près de l’emplacement de l’ancien stade de Maine Road, on a découvert les cadavres de deux jeunes hommes qui semblent se battre pour l’éternité. Le fait que l’un porte un maillot rouge floqué d’un numéro 7 et l’autre un maillot bleu ciel n’interpelle pas vraiment la jeune capitaine.
Tensions sur Manchester
Le rouge et le bleu ciel sont les couleurs des deux grands clubs de Manchester, United et City. C’est son adjoint qui le lui explique. Lui-même se proclame supporter de Manchester United. Il est un peu lourd mais sa connaissance des choses du ballon rond sera finalement précieuse.
United et City sont sur le point de se rencontrer dans quelques jours pour un derby dont le vainqueur décrochera le titre de champion d’Angleterre. La macabre découverte n’a fait qu’aviver les tensions d’autant qu’un journaliste peu scrupuleux vient jeter chaque jour un peu plus d’huile sur le feu.
Vincent Radureau nous emmène dans un Manchester inquiétant où les tensions sont vives et la violence omniprésente. Le Brexit semble avoir divisé la population et la moindre étincelle est susceptible de tout faire exploser. Le foot reste l’élément fédérateur de la cité, mais la rivalité entre les deux clubs, longtemps restée de l’ordre du folklore, est désormais en capacité de réveiller les pires instincts.
I love you Manchester
Si dans beaucoup de romans policiers, le foot est un décor qui sert l’intrigue, “Le sang de Manchester” a pris les choses en sens inverse. L’enquête policière sert juste de prétexte pour parler de foot, de United et de City, de Manchester, de l’Angleterre. Tout au long de l’enquête, le lecteur se retrouvera imprégné par l’histoire des deux clubs et plus généralement celle du football anglais et de ce qu’il représente chez les Britanniques dans leur vie de tous les jours.
Le roman nous fait arpenter les rues de la ville, dont le nom est donné avec une telle précision qu’on rêve de se rendre là-bas pour refaire le parcours des personnages. L’auteur leur a donné de surcroit des patronymes qui n’ont rien de fortuits. Son texte, très vivant par ailleurs, nous fait entendre “Blue moon” et “Wonderwall” et quelques anciens chants à la gloire de Cantona.
La métropole du nord de l’Angleterre est une capitale du foot mais aussi une capitale du rock et de la pop music. De New Order à Cantona, d’Oasis à Beckham, l’esprit de Manchester associe la guitare électrique et le ballon plus que n’importe quelle ville anglaise. Pour l’auteur, journaliste sportif très connu, ce troisième roman sert à exprimer tout l’amour qu’il porte à la ville de Manchester, à ses équipes de foot, à ses habitants, mais aussi à sa musique, son mode de vie et sa culture populaire.
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