Une nostalgie magyare

Régi idök focija

CINEMA – Le film “Régi idök focija” du hongrois Pal Sandor, sorti en 1973 et jamais traduit en Français, est une merveille de poésie qui rend hommage à la fois au foot et au cinéma d’antan.

Le cinéma regorge de films a la fois inconnus et fabuleux. Beaucoup d’entre eux n’ont jamais été distribués en France, ni fait l’objet de la moindre adaptation. C’est le cas de “Régi idök focija“, un film burlesque du hongrois Pal Sandor, sorti en 1973, porté au rang de classique dans son pays d’origine mais jamais doublé en Français, ni même sous-titré.

L’ancienne époque du football

A Budapest, dans les années 1920, un teinturier ne vit que pour le football. Ede Minarik, c’est son nom, pense jour et nuit à son équipe, le Csabagyöngye SC, qu’il rêve de voir accéder parmi les meilleurs clubs du pays. Ainsi notre homme, interprété par Dezső Garas, n’hésite pas à donner de son temps et de sa personne pour son club. C’est lui-même qui parcourt la ville pour aller chercher les joueurs et constituer son équipe.

Le réalisateur Pál Sándor s’est inspiré du roman « Ancien cinéma » de Ivan Mandy (1918-1995), un grand écrivain hongrois qui n’a jamais caché sa passion pour le football, et dont l’œuvre est peuplé de personnages marginaux, vivant dans un Budapest pauvre où le foot seul permet de se détourner de l’alcool et la misère.

Sándor a réalisé ce film avec peu de moyens. Paradoxalement, il en a fait l’un des meilleurs films de sa carrière. Il s’agit d’un film extrêmement poétique où la musique est omniprésente et où chacun des personnages ne manque pas de surprendre. C’est en tout cas l’impression qui ressort quand on ne maîtrise pas la langue hongroise.

Charlie Chaplin et Ferenc Puskás

Le film est construit comme s’il provenait de l’époque du cinéma muet avec moult effets visuels, quelques avances rapides et du texte en interlude. D’ailleurs il y est fait référence dans les premières images à Charlie Chaplin. La couleur est néanmoins présente, les prises de vue sont parfaitement composées. Et les personnages parlent. En hongrois certes, mais ils parlent.

Dans un extrait, Minarik se rêve en joueur de l’équipe de Hongrie. Il en porte le maillot, sous sa gabardine. Il porte le ballon, s’en va marquer un but puis s’envole dans le ciel accompagné par l’hymne hongrois.

C’est un film, semble-t-il, principalement axé sur la nostalgie. Nostalgie d’un football qui était avant tout une distraction, nostalgie d’un cinéma artistique pour ne pas dire artisanal où le génie de l’auteur et des comédiens faisait la différence. Nostalgie d’une époque révolue à l’heure où les deux disciplines devenaient l’un et l’autre une activité lucrative.

A propos de Pál Sándor et de “Régi idök focija”

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