LIVRE – Plume ouverte de l’Amérique Latine, Eduardo Galeano est aussi un mendiant de bon football. Son livre “Le football, ombre et lumière” (Climats, 1997) raconte, à sa façon, l’histoire du ballon rond.
Eduardo Galeano, plume ouverte de l’Amérique Latine, écrivain engagé pour la sauvegarde de la culture latino-américaine, est également un amateur de ballon rond. Ou plus précisément, comme il l’écrit lui-même, un “mendiant de bon football“. Il fut d’ailleurs un très grand footballeur : “Comme tous les Uruguayens, je voulais être joueur de football. Je jouais très bien, j´étais une merveille, mais seulement la nuit, quand je dormais: le jour j´étais la pire jambe de bois qu´on ait vu sur les petits terrains de mon pays“.
Eduardo Galeano est né à Montevideo, Uruguay, en 1940. Exilé en Argentine jusqu’en 1985, il y fait ses premiers pas dans le journalisme. Il est l’auteur de plusieurs livres références, dont “Les veines ouvertes de l’Amérique Latine” et “Mémoire du Feu“, une trilogie qui raconte l’histoire de l’Amérique Latine.
Dans “El futbol, sol y sombra” (“Le football, ombre et lumière” en V.F.), Galeano exprime en de très courts chapitres sa vision du football à travers le monde. Il passe de la jubilation extrême avec des buts grandioses, des dribbles magnifiques et des passes merveilleuses, au malaise le plus nauséeux engendré par les traditionnels travers de l’environnement du ballon rond.
L’histoire du football vue du point de vue sud-américain, ce n’est pas tout à fait celle qu’on connait de ce coté-ci du globe. Dans son souci constant de défendre la cause de l’Amérique du Sud, Galeano conteste, avec malice, la supériorité du football européen. Il rappelle que le meilleur joueur européen de l’histoire, Alfredo Di Stefano, était un Argentin. Il rappelle également que Eusebio était plus africain que portugais, comme il décrètera, bien après la sortie de son livre, que la meilleure équipe sud-américaine de la Coupe du Monde 1998 fut celle… des Pays-Bas et sa colonie de Surinamiens.
Galeano ne se laisse donc pas aveugler par sa passion du foot. Au contraire, il y trouve de nouvelles ressources dans son combat de l’Amérique du Sud face aux grandes puissances. Il fustige notamment les complots des Coupes du Monde disputées en Europe où tout semble fait selon lui pour déstabiliser le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay. Il reprend notamment l’exemple de la World Cup 1966 où les trois nations sud-américaines avaient été flouées par l’arbitrage.
“Le football, ombre et lumière” est un livre récréatif que l’on peut lire et relire avec délice. Galeano ne sera jamais un grand footballeur, mais l’écriture lui a permis comme il l’écrit “… de faire avec les mains ce que je n’avais jamais été capable de faire avec les pieds“.
Poster un Commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.