EXTRAIT – Quelques minutes de foot en plus dans le film italien “Pain et chocolat” (1974) de Franco Brusati qui révèle combien la passion du foot peut trahir votre nationalité.
L’intégration au pays d’accueil passe-t-elle par un reniement de ses origines ? C’est la question que pose le cinéaste italien Franco Brusati à travers sa comédie “Pain et chocolat” (“Pane e cioccolata“) sortie en 1974.
Un Italien en Helvétie
Nino est un italien pauvre qui rêve de s’installer dans la riche Suisse alémanique. Arrivé plein d’espoirs dans son nouveau pays, Nino déchante rapidement. On ne lui confie que des emplois peu valorisants, on le rejette, on l’humilie. Il trouve toutefois un CDD dans un restaurant, mais il perd son titre de séjour pour avoir… uriné en plein air.
Condamné à rentrer chez lui, notre héros (interprété par Nino Manfredi) préfère rester en Suisse quitte à vivre dans la clandestinité. Après de multiples péripéties, il se rend compte que c’est son italianité qui pose problème. Il décide donc de se déguiser en citoyen helvétique. Fini les cheveux noirs, les chemises ouvertes et le débit de paroles inarrêtable : Nino se teint les cheveux en blond, porte un beau costume et bredouille quelques mots d’allemand.
Il teste sa nouvelle identité en entrant dans un bar, où l’attend une épreuve inattendue. La télévision diffuse en effet un match de la Squadra Azzurra. La réalité s’immisce dans la fiction : Nous sommes le 14 juin 1973 et l’Italie de Gianni Rivera reçoit l’Angleterre de Bobby Moore au Stadio Communale à Turin, un match amical disputé dans le cadre du 75e anniversaire de la fédération italienne de calcio.
Match piège
Nino ne doit pas oublier qu’il est désormais un citoyen helvétique, ascendant germanique. Il se domine pour éviter de se passionner pour la Squadra qui a déjà ouvert le score. Il se domine également pour rester hermétique aux remarques désobligeantes des clients du bar vis-à-vis des joueurs italiens, et même de l’Italie toute entière. Nino en rajoute même un peu, insultant ses compatriotes et ses idoles.
Et puis à la 52e minute de la rencontre, Fabio Capello trompe Peter Shilton et inscrit le deuxième but italien. Ne pouvant plus se contenir, Nino pousse un “Gooool !” libérateur, mais qui le trahit. Le tifosi démasqué est rapidement jeté hors du bar et se retrouve le nez dans les sacs poubelles.
Stelle dall’Italia
“Pain et chocolat” est un film majeur du cinéma italien. Primé au festival de Berlin, il ne sortira en France qu’en 1977 mais sera nommé pour le César du meilleur film étranger. L’acteur Nino Manfredi est au sommet de sa carrière. Il est devenu un visage familier grâce au feuilleton Pinocchio où il joue Gepetto, le père du pantin. Il deviendra une star peu de temps après “Pain et chocolat” grâce à Ettore Scola qui lui donne le premier rôle dans “Affreux, sales et méchants” (1976).
La Squadra Azzurra quand à elle remportera le match 2-0. Un moment historique puisqu’il s’agit de la première victoire italienne sur le onze anglais. On note au passage l’étonnante tenue des joueurs de l’équipe d’Angleterre : Un jaune et bleu incongru que l’équipe d’Alf Ramsey porta durant trois matches et qu’elle abandonna très vite. Voulait-elle se déguiser en sélection brésilienne comme un vulgaire immigré italien qui se déguiserait en citoyen helvétique ?
A propos de “Pain et Chocolat” et de la Squadra Azzurra
- Lire l’article “Foot et cinéma (9) : infiltré parmi les supporters ennemis” d’Aurélien Ferenczi publié le 23/06/2016 sur son blog Télérama.
- Lire la chronique du film publiée le 19/032014 sur le blog chronique du cinéphile stakhanoviste
- Lire l’article “La Suisse de Pain et Chocolat” d’Eric Soriano publié le 12/12/2009 sur les Blogs de Médiapart
- Consulter notre page sur les meilleurs films de foot au cinéma
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