BANDE DESSINÉE – Dans “Ceux qui t’aiment” (2002, Delcourt), Étienne Davodeau fait un détour dans le monde du foot pour y dénoncer ses travers.
A quelques jours d’une grande finale, le joueur vedette d’une équipe de football est enlevé. C’est la trame de la BD “Ceux qui t’aiment” d’Étienne Davodeau, troisième et dernier tome d’une mini-série intitulée “Un monde si tranquille“.
L’enlèvement
L’album, publié en 2002 chez Delcourt, s’intéresse au monde du football alors que la France baigne encore dans l’effervescence de la Coupe du monde 1998. Ses personnages ressemblent furieusement aux personnalités de l’époque, notamment ce gardien de but au crâne chauve et au maillot sombre. Quand au joueur qui fait l’objet du rapt, c’est l’idole locale et il est surnommé Titou. Il est vrai que Thierry Toumermeulen, sa véritable identité, est un patronyme un peu long à retenir…
L’auteur ne ménage pas le monde du football, notamment les supporters et autres suiveurs qui perdent un peu leur sens commun dès qu’ils aperçoivent une vedette du ballon rond. On passe de l’idolâtrie excessive des uns à l’avidité meurtrière des autres. On est consterné par l’intolérance de ceux qui sont incapables de partager un bus avec les supporters adverses.
Paradoxalement, l’histoire donne un peu d’humanité aux vedettes du ballon rond. Le dénommé Titou (dont la coiffure rousse à houppette rend hommage à un célèbre personnage de BD), est brutalement descendu de son piédestal. Enlevé, mutilé, humilié, balloté, échangé, vendu, il se rend compte qu’il ne s’appartient plus. Ses ravisseurs le traitent comme si sa vie leur appartenait. Il se rendra compte ensuite qu’il en est de même avec les supporters puis les dirigeants de son club : Tous rappellent, sous différentes formes, que Titou “leur” appartient.
Un monde si tranquille
Étienne Davodeau , auteur anjouvin né en 1965, a fait connaitre son sens de la narration en 1996 avec “Le Constat“, une chronique sociale suivie de “Quelques Jours avec un Menteur” et “Le Réflexe de Survie“. La série “Un monde si tranquille” (d’où est issue “Ceux qui t’aiment“) a été créée en même temps que “Rural !“, une BD reportage qui posent les bases de son style.
“Ceux qui t’aiment” raconte l’histoire d’un enlèvement qui tourne mal, les ravisseurs étant avant tout des pauvres types, d’autant plus dangereux qu’ils sont inexpérimentés. L’histoire aurait pu tourner au polar classique vantant l’héroïsme d’un policier ou la bravoure de la victime échappant aux ravisseurs. Mais la fin prend une tournure assez inattendue. Elle révèle l’humanité des protagonistes, leur faiblesse, leur lassitude de l’absurdité de leur monde.
A propos d’Étienne Davodeau et de ceux qui t’aiment
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