La nostalgie camarade

ROMAN – “Le théâtre des rêves” (2006) de Bernard Foglino est un polar jubilatoire qui oppose, entre autres, différentes facettes du football, du cynisme des pros à la nostalgie des passionnés.

Baptiste Flamini est un détective pas comme les autres. Ses clients sont des collectionneurs et son job consiste à leur trouver la pièce manquante. Non pas des collectionneurs d’arts, mais des collectionneurs d’objets que l’on découvre dans les boites de lessives ou de chocolat.

Un jour, l’un des fous furieux qui garnissent sa clientèle lui demande de retrouver l’album France Images du championnat de foot 1973. Flamini n’a aucune connaissance du football, mais son enquête va l’entrainer vers “Le Théâtre des Rêves“, non pas le stade de Manchester United, mais un pub du même nom où se réunissent des mordus de ballon rond.

Plus que des mordus d’ailleurs, on peut parler d’intégristes. Car ces gens-là refusent le football actuel. Ils considèrent que le meilleur foot est celui d’avant, de l’époque où la pub ne trônait pas sur les maillots, où les joueurs s’identifiaient à un club, où le foot était un jeu. Celui d’avant l’atmosphère corrompue des années quatre vingt.

Flamini se lie d’amitié, parmi les habitués de ce pub, à un ancien speaker vedette de la télévision. Le bonhomme est un peu aigri par la la tournure qu’a pris son jeu favori, mais toujours enthousiaste lorsqu’il s’agit de conter les exploits passés. Il revient notamment, et c’est l’un des passages les plus succulents du bouquin, sur la finale Angleterre-Allemagne de la Coupe du monde 1966 et ce fameux but, décisif mais litigieux, de Geoff Hurst.

C’est un roman loufoque, aux chapitres haletants et au final extraordinaire. Un roman qui mélange la fiction du polar classique à l’érudition footballistique. Un bouquin qui rend hommage aux nostalgiques du foot et aux collectionneurs de vignettes.

A propos de Bernard Floglino et du théatre des rêves

• Visionner la vidéo de l’interview de Bernard Foglino (2006) sur le site de l’INA (2’41”)