ROMAN – Dans « Jouer Juste » (2003), son premier roman, François Bégaudeau s’inspire pour parler d’amour, du discours d’un entraîneur de foot. Venant d’un Nantais, il ne s’agit évidemment pas du premier entraîneur venu.
(Article mis à jour en décembre 2015)
Juste avant la prolongation d’une finale de Coupe d’Europe, un entraîneur parle à ses joueurs. Il leur reproche, non pas de ne pas avoir su conserver un résultat, mais d’avoir simplement oublié de jouer juste. Puis son discours s’éternise. Ses conseils footballistiques dérivent sur sa vie personnelle et ses problèmes sentimentaux.
L’écrivain, natif de Nantes, s’est inspiré du discours de Raynald Denoueix, entraîneur du FC Nantes. Un discours hérité de José Arribas et Jean-Claude Suaudeau, qui tranche dans le paysage médiatique du football. Car le foot tel qu’on le parle du côté de Nantes, est empreint d’une sorte de poésie qui interdit de s’en remettre aux lieux communs. En dépit de l’époque qui ne jure que par ceux qui gagnent, les éducateurs du FC Nantes ont longtemps privilégié une philosophie de jeu, une éthique, un héritage.
En confrontant le discours d’un entraîneur à celui d’un amoureux transi, Bégaudeau ose des comparaisons entre la tactique du football et la stratégie de conquête amoureuse. Le jeu de l’entraîneur est un jeu collectif en mouvement et en passe courtes. Sur le plan sentimental, le même homme élabore des plans compliqués pour garder l’amour de sa bien-aimée. Dans les deux cas, l’essentiel n’est pas de l’emporter, mais surtout de jouer juste, de respecter le jeu et son esthétique.

En 2015, le roman de François Bégaudeau a été mis en scène au théâtre par Thomas Visonneau avec Arnaud Agnel dans le premier rôle. Création à la Scène Nationale d’Aubusson le 1er décembre 2015