Retour à Kiev

Le match de la mort Guillem Escriche

BANDE DESSINEE – La BD “Le match de la mort” (Les Arènes) signée Pepe Gálvez et Guillem Escriche revient sur la fameuse série de rencontres qui avaient opposé en 1942 des résistants ukrainiens aux soldats du Reich.

L’histoire du football, longtemps cantonnée aux récits officiels, ne néglige plus aujourd’hui de revenir dans les marges des grandes épreuves. Ainsi cette rencontre à Kiev en 1942 (ou du moins ces rencontres puisqu’il y en eut plusieurs), qui opposa en pleine occupation allemande quelques anciens joueurs ukrainiens, pour la plupart affamés et désœuvrés, à des soldats de la Wehrmacht, bien nourris et dont certains avaient pratiqué le football au plus haut niveau.

Opération Barbarossa

L’idée d’un match de football organisé en temps de guerre entre occupants et occupés, dans une atmosphère de peur et de désolation, peut sembler bien futile. Elle est pourtant prise très au sérieux par les deux protagonistes. Les autorités allemandes y voient un élément de propagande pour marquer symboliquement la réussite du projet d’envahir l’URSS. Du coté des habitants de Kiev, ce match est perçu comme l’opportunité d’un acte de résistance à travers une victoire de l’équipe locale.

Longtemps ces rencontres sont restées un mystère. Leur légende a été entretenue par la propagande soviétique pour dire l’esprit de résistance des Soviétiques et l’ignominie de l’envahisseur nazi, puisqu’à l’issue du match remporté par les Ukrainiens, il avait été rapporté que les vainqueurs furent fusillés sur la pelouse de leur dernier exploit.

La légende a souvent été reprise (et déformée) par le cinéma, notamment “Deux mi-temps en enfer” (1962) du Hongrois Zoltán Fábri, “Troisième mi-temps” du Soviétique Evgueni Karelov (1962) et plus tard “Escape to Victory” (1980) de John Huston avec Pelé et Sylvester Stallone. Par la suite, lorsque sont tombées les barrières de la propagande, la légende a laissé place à la vérité historique, du moins à sa recherche, avec notamment le film “Match” (2012) d’Andreï Malioukov puis la littérature, avec “Dynamo – Defending the honour of Kiev” de l’Ecossais Andy Dougan puis “Gagner à en mourir” de Pierre-Louis Basse.

Rien ne se passera comme prévu

Le sujet n’avait toutefois (à notre connaissance) jamais été traité en bande dessinée. C’est à cette tâche que se sont attelés deux Espagnols, le scénariste Pepe Gálvez et le dessinateur Guillem Escriche. Leur histoire suit Alekseï Klimenko, l’attaquant blond à partir de sa libération du camp de Darnitsa. La BD revient sur plusieurs rencontres du FC Start et des conditions particulières dans lesquelles Klimenko et ses amis les disputent. Le ton de l’album est très froid, agrémenté par la présence discontinue de la neige dans le dessin. Les auteurs se sont efforcés de reproduire les faits au plus proche de la vérité, en dépit des difficultés que représente l’entreprise.

Le cahier final expose le contexte de l’opération Barbarrossa, nom donné au projet d’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie, mais n’apporte malheureusement pas d’éléments sur les rencontres de football, ni de biographie sur les joueurs concernés. Cela reste toutefois un album BD de qualité qui raconte avec la justesse nécessaire un épisode douloureux de l’Histoire.

BD Le match de la mort

A propos du Dynamo Kiev, de Pepe Gálvez et Guillem Escriche

1 Trackback / Pingback

  1. LE MATCH DE LA MORT (Pepe Gálvez & Guillem Escriche) - Sport à lire

Poster un Commentaire