Le complexe du faucon

Kes de Ken Loach (1969)

EXTRAIT – Quelques minutes de football en plus avec “Kes” (1969), l’un des premiers films de Ken Loach avec déjà une hilarante scène de football.

“Kes” est l’un des premiers films de Ken Loach. Sorti en 1969, il raconte l’univers d’un gamin de douze ans que la vie n’a pas aidé. Souffre-douleur de son frère, oublié par sa mère, le jeune Billy se prend d’affection pour un rapace qu’il décide de dresser. Sa vie prend alors un sens nouveau.

Le film a été un grand succès en Angleterre. Il porte déjà la patte du réalisateur anglais qui s’inspire de la vie des gens modestes et des laissés pour compte. “Kes” est marqué par une scène de football délirante où un professeur est à la fois joueur et arbitre. Il est le seul adulte de ce match d’adolescents, et est doté d’une mauvaise foi qui le conduit à un comportement grotesque.

Ce professeur est joué par Brian Glover, qui est alors enseignant et catcheur amateur. Ce rôle dans le film de Ken Loach est le tout premier de sa carrière d’acteur qui comptera une trentaine de films pour le cinéma et la télévision. Son personnage porte fièrement le maillot numéro 9 de Bobby Charlton et profite de son avantage physique pour vivre des rêves de jeunesse tout en abusant de son autorité.

De son côté, Billy Casper, le héros du film, se désintéresse complètement de la partie. Choisi en dernier au moment de la composition des équipes, il se retrouve gardien de but, le poste le plus ingrat dans ce type de match. Billy discute avec son copain, il lui dit surtout combien il a froid. Il trompe l’ennui en grimpant sur les montants de son but. Et se prend inévitablement quelques buts provoquant la colère de son professeur-bourreau.

Ce Manchester-Tottenham simulé dans une campagne anglaise est une scène hilarante d’un film qui est plutôt triste, qui évoque la condition des gens modestes du nord de l’Angleterre, et de la difficulté de se sortir de la vie que l’on vous a assigné. Cette scène pourrait laisser croire que Ken Loach n’aime pas vraiment le football, mais la suite de son oeuvre démontrera le contraire, notamment avec “My name is Joe” qui place le football comme intégrateur à la vie sociale, et “Looking for Eric” où un paumé retrouve le goût de vivre grâce aux conseil d’une ancienne idole.

“Kes” a été classé par le British Film Institute en troisième position des cinquante films à voir avant d’avoir quatorze ans, derrière “E.T.” de Steven Spielberg et “Fucking Åmål” du Suédois Lukas Moodysson.

A propos de Kes et de Ken Loach

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