L’apprentissage et le cœur

Paul Bartel (les petits princes)

FILM – “Les petits princes” de Vianney Lebasque, sorti en 2013, propose une fiction réaliste au cœur des centres de formation. Un film bouleversant sur la jeunesse des futurs pros, ceux qui percent et ceux qui échouent.

Les fictions de foot souffrent bien souvent d’un manque de crédibilité, souvent dû à un déficit de connaissance du sujet chez les réalisateurs quand ce n’est tout simplement pas du mépris. Toutefois, certains films s’appuient sur une véritable expérience du milieu et, c’est important, sur des acteurs qui savent se servir d’un ballon rond.

Centre de formation

C’est le cas de “Les Petits Princes” de Vianney Lebasque, un film sorti en 2013, qui séduit pour son extraordinaire réalisme. Il raconte l’intégration d’un adolescent dans le centre de formation d’un club de football professionnel. Tout en se révélant l’un des éléments les plus prometteurs, il est confronté à de nombreuses difficultés inhérentes à ses origines campagnardes, à la compétition et la rivalité qui anime tous les gamins.

Le réalisateur connaît bien son sujet et pour cause : il a lui-même connu les centres de formation. Il envisageait très sérieusement une carrière de footballeur professionnel avant qu’une blessure, à l’âge de seize ans, ne brise son rêve.

Il s’est alors tourné vers le cinéma, comme monteur puis comme réalisateur. Pour son premier long-métrage, il s’est naturellement tourné vers le monde du foot, avec qui il avait probablement un compte à régler. Il s’est efforcé de rendre une copie la plus authentique possible. Le film ne souffre d’aucune approximation. Les acteurs sont d’excellents footballeurs. La conduite de balle de l’acteur principal Paul Bartel sur certains exercices d’entraînement est d’ailleurs assez impressionnante.

Apprenti footballeur

Les comédiens ont été choisis en fonction de leurs talents balle au pied. Un match de foot a même été organisé pour le casting sous le regard d’un entraîneur professionnel, Julien Derobe, ancien éducateur du Paris Saint Germain. L’ensemble des jeunes comédiens a ensuite suivi une préparation de trois mois. Comme des pros avant la reprise d’une saison.

Le rôle de l’entraîneur principal est tenu par un étonnant Eddy Mitchell, beaucoup plus convaincant que dans A mort l’arbitre” de Jean-Pierre Mocky où sa prestation d’homme en noir laissait à désirer. Son adjoint est interprété par Reda Kateb, émouvant dans son rôle de talent qui n’a pas su faire carrière et qui prend le héros du film sous son aile.

La trame du film repose sur un secret du jeune apprenti footballeur : un examen médical a révélé chez lui une malformation cardiaque qui lui interdit la pratique d’un sport de haut niveau. Il passe outre la recommandation (en brûlant le document) et apprend, non sans appréhension, le métier de footballeur. Il découvre aussi une autre vie, faite de soirées avec de la musique et des filles, où il tombe inévitablement amoureux.

Le film se déroule essentiellement sur les terrains d’entraînement, dans les vestiaires et les chambres des joueurs. La plupart des scènes ont été tournées au Camp des Loges, le terrain d’entraînement du Paris Saint-Germain et de son centre de formation. Le réalisateur a pris soin de masquer tout ce qui pouvait rappeler le club parisien, ses couleurs, son insigne, que l’on voit en effet beaucoup beaucoup trop dans d’autres films.

Au cœur du jeu

Les scènes de match sont également très réalistes. Le casting est complété par des figurants issus de clubs amateurs de la région parisienne. Les actions sont filmées au plus près des joueurs. Les caméras ont été posées sur le terrain, au cœur du jeu (comme l’explique le making of). Ça joue au ballon, on entend les frappes, le souffle, l’impact des coups. Le réalisateur a également tenu à glisser quelques ralentis, mais il n’en fait pas trop.

La seule chose que l’on peut finalement reprocher à ce film est la banalité de son titre, “Les Petits Princes”, moins en référence à Saint-Exupéry qu’au Parc que l’on découvre tout à la fin. Le film donne un regard différent sur le monde du football, un regard passionné et connaisseur. Pas très loin des turpitudes du football-business mais encore dans un monde où il est permis de rêver. Il doit beaucoup à la qualité des acteurs, mais aussi à celle des images, de la musique, du montage, où tout est parfaitement soigné. Un très grand film.

A propos des Petits Princes et de Vianney Lebasque

  • Dans le film, l’apprenti footballeur tombe amoureux d’une artiste de street-art. L’occasion de découvrir les œuvres de l’artiste angoumoisin Fred Le Chevalier.
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