Nom de club, nom de marque

RB Leipzig

NOMS DE CLUBS – De Bayer à Red Bull, en passant par Phillips, Carl Zeiss ou Matra, quelques firmes sont parvenues à imposer leur marque dans le nom d’un club de foot.

A Salzbourg comme à New York, les clubs portent dans leur nom la marque d’une célèbre boisson énergétique. Doit-on laisser les sponsors s’insérer jusque dans la terminologie des clubs ? Vaste question…

Clubs d’entreprise

L’exemple de Red Bull n’est pourtant pas une première. Depuis de longues années, certains clubs ont été baptisés du nom des firmes par lesquelles ils sont financés, voire même créés. Notamment trois clubs très en vue : le Phillips Sport Veirein (PSV) à Eindhoven (Pays Bas), le Bayer Leverkusen (Allemagne) et le Carl Zeiss Iena (Allemagne).

En 1903, le Fußball-Klub Carl Zeiss Jena est fondé par des employés de la société d’optique Carl Zeiss. Le club est par la suite renommé 1.SV Jena en 1917, puis SG Ernst-Abbe Jena en 1946 puis encore SC Motor Jena en 1954. Il retrouvera finalement son nom (et celui de sa firme) d’origine en 1966 et représentera souvent la RDA en Coupe d’Europe.

En 1904, ce sont les employés de la firme pharmaceutique Bayer qui demandent à leur direction la création d’un club de sports. Si la section football n’est créée qu’en 1907, le club portera toujours le nom de TSV Bayer 04 Leverkusen, même lorsque la section foot prendra en 1999 son autonomie. A partir de 1953, Bayer a également investit le club voisin d’Uerdingen. Le club porte alors le nom de Bayer 05 Uerdingen. jusqu’à ce que la firme se retire, en 1995.

Aux Pays-Bas, c’est en août 1913 que les usines Philips créent le PSV Eindhoven. Exclusivement composée d’employés de la firme, l’équipe du Philips Sport Vereniging joue alors au Philips Stadion monté à l’occasion. C’est toujours le cas de nos jours.

A Guayaquil en Equateur, le Club Spor Emelec doit son nom à celle de l’entreprise dont son issus ses créateurs en 1929, l’Empresa Eléctrica del Ecuador, qui distribuait de l’électricité dans la capitale équatorienne. Emelec est un acronyme du nom complet de l’entreprise.

Dans l’ancienne U.R.S.S., le club de Borisov porte le nom de BATE (Borisov Automobile and Tractor Electronics), l’usine d’équipement de tracteurs où est né le club en 1973. Disparu en 1984, le club est relancé en 1996 cinq ans après l’indépendance de la Biélorussie.

A Tiraspol, capitale de la Transnitrie, état indépendant non reconnu par l’ONU, et disputant les compétition internationale sous pavillon moldave, le club a pour nom Sheriff, hérité du conglomérat qui l’a fondé en 1997.

Quelques clubs français auraient pu connaitre la même histoire que le PSV ou Leverkusen. On pense au FC Sochaux-Montbéliard, qui aurait très bien pu porter le nom de la marque automobile qui l’a soutenu pendant 90 ans. Mais aussi à l’AS Saint-Etienne, fondé en 1920 par Geoffroy Guichard, patron des magasins Casino, qui avait voulu initialement appeler son club l’AS Casino avant d’essuyer un refus de la Fédération Française de Football.

Club de marques

Par la suite, d’autres clubs ont également porté le nom d’une marque commerciale. Mais contrairement à Phillips, Carl Zeiss ou Bayer, ces entreprises comme Matra ou Red Bull ont investi des clubs non pas pour satisfaire leurs employés, mais tout bonnement pour faire la promotion de leur marque.

Le Matra-Racing est donc le premier club de l’élite du foot français à porter un nom commercial. Un Racing Club de Paris exsangue et quasiment rayé de la carte est investi en 1981 par la firme de Jean-Luc Lagardère qui veut en faire un grand club européen. Celui-ci prend le nom de la firme en 1987 mais explose deux ans plus tard, Lagardère ayant préféré jeter l’éponge faute de résultats probants.

Plus tard, c’est l’éphémère club de Thonon-Gaillard qui porte en son nom celui d’une marque, Évian, filiale du groupe Danone. La marque d’eau minérale tient elle-même son nom de la proche ville d’Évian-les-Bains. Fondé en 2007, Évian-Thonon-Gaillard disparait après seulement neuf années d’exercice, dont trois en première division. A croire qu’en France, porter le nom d’une marque ne porte pas chance.

Evian Thonon Gaillard

En 1996, le club gallois du Llansantffraid FC qui évolue en Welsh Premier League est rebaptisé Total Network Solutions par la société informatique du même nom qui l’a investi. Mais en 2003, cette société est rachetée par British Telecom, qui ne se préoccupe guère du club de foot. Celui-ci, souhaitant conserver les initiales qui ont fait sa renommée (TNS), il est rebaptisé The New Saints.

D’autres clubs de la Welsh Premier League ont imité l’exemple de TNS, notamment Airbus UK Broughton FC, Technogroup Welshpool Town FC et Inter CableTel AFC (redevenu Inter Cardiff FC en 1999).

De Salzbourg à New York

Aujourd’hui, la boisson gazeuse Red Bull a investi de nombreux clubs de foot à qui elle a donné son nom. Elle a tout d’abord débaptisé le club de sa ville, l’Austria Salzbourg devenant le Red Bull Salzbourg en 2005. Un an plus tard, la firme autrichienne investit le club newyorkais des Metrostars qu’elle renomme New York Red Bulls. (avec un s final car en MLS la marque ne doit pas officiellement faire office de nom du club) En 2009, c’est le RB Leipzig qui voit le jour, officiellement RasenBallsport Leipzig mais que tout le monde appelle Red Bull Leipzig (1). Le 1er janvier 2020, le CA Bragantino (Brésil) devient le Red Bull Bragantino. La firme avait également créé une école de football au Ghana (qu’elle a fermé depuis) et a investi le FC Liefering, un autre club de Salzbourg, mais ne lui a pas (encore) donné son nom.

Red Bull Salzbourg

L’UEFA interdit que deux clubs participant à ses compétitions aient le même propriétaire. Or, le RB Leipzig et le Red Bull Salzbourg ont bien participé à la Ligue des Champions 2019/2020. Si le club autrichien est bien propriété de la firme, le club allemand est détenu, règlements de la Bundesliga obligent, par un groupement des salariés. Les deux clubs n’appartiennent donc pas officiellement au même groupe. Sans doute faudra-t-il attendre que naissent des soupçons de matches arrangés pour mettre fin à cette situation dont personne n’est dupe.

Le naming des clubs

En Angleterre, le Southport FC s’est appelé, jusqu’en 1920, Southport Vulcan. Plus récemment, Milton Keynes City FC a été renommé Mercedes-Benz FC jusqu’en 1998 et un petit club de Sunderland s’est appelé Sunderland Nissan FC jusqu’en 2009. Lincoln City a été renommé OOH Lincoln FC par son sponsor OOH Media et le club de Vauxhall s’appelle désormais Vauxhall Motors FC.

En Allemagne, le SV Waldhof Mannheim a porté le nom de SV Chio Waldhof Mannheim jusqu’en 1978, et le SV Wacker Burghausen porte toujours le nom de la firme Wacker Chemie. En Suède, Ljungskile SK s’est appelé Panos Ljungskile SK jusqu’en 2002 alors qu’en Finlande, un club d’Helsinski s’appelle Finnairin Palloilijat.

En Corée du Sud, les clubs de Jeonbuk Hyundai Motors (Jeonju), Ulsan Hyundai FC et Suwon Samsung Bluewings FC n’ont jamais caché le nom de leur partenaire financier. Au Japon, Nagoya Grampus s’appelle désormais Toyota Motor SC. En Thaïlande, un club de Bangkok, le SCG Muangthong United FC porte le nom de la firme Siam Cement. A Hong Kong, le Tai Po FC a été renommé NT Realty Wofoo Tai Po par NT Realty. Aux Etats Unis, les New Orleans Jesters ont été investis par une firme pétrolière et renommés New Orleans Shell Shockers. Au Ghana, un club d’Obuasi porte le nom d’Ashanti Gold SC, alors qu’en Afrique du Sud, Pretoria City s’appelle désormais Supersport United FC.

A propos de Red Bull et du naming des clubs

(1) modification du texte initial réalisée après le commentaire de Germanistik le 13/0202020 17:37:42. Merci à lui !

2 Comments

  1. Ça vaut le coup de mentionner que le RB Leipzig ne s’appelle en fait pas Red Bull Leipzig, la fédération allemande ayant refusé ce nom, mais Rasenballsport Leipzig, littéralement “sport de balle sur gazon”. Par ailleurs si le club est la propriété d’employés de la firme, ce n’est pas seulement pour contourner les règles de l’UEFA mais aussi la règle de la ligue allemande qui veut que tous les clubs pros soient en majorité la propriété de leurs sociétaires.

    Ce foutage de gueule en règle explique que les footeux allemands détestent le RB Leipzig.

    Détail amusant, pendant la guerre le RC Strasbourg, forcé d’adopter un nom allemand par l’occupant mais souhaitant préserver ses initiales, avait utilisé la même astuce et s’était renommé Rasensportclub Straßburg.

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