L’hymne du chaudron

Allez les Verts

CHANSON – “Allez les Verts” de Monty (1976) est qu’on le veuille ou non le premier (et seul) tube musico-footbalistique de l’histoire de la chanson française.

Au milieu des années 1970, la France se prend de passion pour onze footballeurs en vert. L’AS Saint-Etienne déferle sur l’Europe et toute la France suit son épopée grâce à la télévision couleur. Après de multiples exploits, les hommes de Robert Herbin se sont qualifiés pour la finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions, dix-sept ans après le Stade de Reims.

Quand on arrive sur le terrain

Pour Jacques Bulostin, c’est le moment où jamais. En sortant du stade Geoffroy-Guichard un soir de match, quelques semaines avant la finale, l’ancien chanteur yé-yé connu sous le nom de Monty imagine une chanson qui pourrait être reprise au stade par les supporters et jouée sur les grandes ondes.

Monty Allez les Verts

Les paroles sont écrites en peu de temps, dix minutes selon l’auteur. Leur simplicité fera le succès de la chanson. Mieux, une expression peu académique, quasiment enfantine, qui lance le refrain (on aurait dû dire “Qui SONT les plus forts“, non ?) deviendra le titre alternatif du morceau (celui qu’on met entre parenthèse).

De son coté, le compositeur Jean-Louis d’Onorio concocte un rythme disco qui ne lui prend pas beaucoup de temps non plus : une rythmique quelque peu balourde striée de quelques discrets riffs de guitare et le tour est joué. Il ne reste qu’à une chorale très masculine de poser le chant. Quelques trouvailles font ensuite la différence : un “Allez !” épique qui lance le refrain, et l’enregistrement de la clameur du public en début et fin de morceau, lui donnant un souffle inédit.

Le 45 tours, qui propose une version chantée en face A et une version instrumentale en face B, est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires en France. Selon Fabien Lecœuvre, auteur d’ouvrages sur la chanson française, le tube serait resté “pendant onze mois en tête des ventes“.

Un bon public et les meilleurs supporters

Le morceau est un tel tube qu’il est repris l’année suivante par le célèbre trompettiste Jean-Claude Borelly. Il sera imité par l’accordéoniste Raymond Boisserie et par un groupe disco, les Chocolat’s, qui propose un remix calibré pour les pistes de danse de l’époque.

Devant ce succès, d’autres clubs français veulent leur propre chanson. Ainsi naissent “Allez les Canaris” à Nantes, “Allez le Paris Saint-Germain”, “Allez Lens”, “Allez Sochaux”, “Allez les Minots“, “Forza Bastia” et de nombreux autres. En 1978, c’est l’équipe de France qui prend le relais et qui demande à Monty un chant pour les hommes de Michel Hidalgo. Il s’appellera “Allez les Bleus“.

Entre temps, peu après “Allez les Verts“, Monty glissera une chanson supplémentaire à la gloire de la vedette du moment, “Le Petit Rocheteau” qui a le don de ne pas plaire vraiment à l’intéressé et qui connaitra un succès très relatif. Quinze ans plus tard, Monty tentera de prendre le train de l’Olympique Marseille avec un “Oh Aime” qui passera inaperçu.

A Geoffroy-Guichard, plus de quarante ans après, c’est toujours la chanson de Monty qui est diffusée pour chauffer le chaudron.

A propos de l’AS Saint-Etienne et de ses chansons

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire