Football de Toussaint

Jean-Philippe Toussaint

LIVRE – Dans son roman sobrement intitulé “Football” (2015, éditions de Minuit), l’écrivain Jean-Philippe Toussaint évoque ses souvenirs de Coupe du Monde.

Qui a dit que la Coupe du Monde 2002 fut ennuyeuse ? Pas Jean-Philippe Toussaint en tout cas. L’écrivain belge a suivi les Diables Rouges au Japon et livre ses souvenirs, treize années plus tard, dans un roman paresseusement titré “Football“.

Madeleines flamandes

Ce n’est pas la première fois que l’écrivain belge publie un texte sur la ballon rond. En 2006, au lendemain de la Coupe du Monde allemande, il avait livré un court essai “La Mélancolie de Zidane” (éditions de Minuit) où il revenait sur le coup de boule du capitaine français en pleine finale. On lui doit aussi le texte “Madeleines flamandes” qu’il avait écrit avant la Coupe du Monde 1998 pour le journal Libération.

Dans “Football” sorti en 2015 aux éditions de Minuit, Toussaint évoque les différentes Coupes du Monde auxquelles il a assisté, de 1998 à 2014, mais c’est bien celle de 2002 qui alimente le plus de souvenirs.

Le 4 juin 2002, l’auteur de “La salle de bain” est dans les tribunes du stade de Saitama, où la Belgique affronte le Japon. En deuxième mi-temps, le capitaine belge Marc Wilmots ouvre le score d’un superbe retourné. L’écrivain, entouré de supporters japonais, aperçoit un compatriote :

Nous nous précipitâmes gauchement l’un vers l’autre, ignorant comment concélébrer notre but, nous contentant de nous frapper violemment les paumes l’une contre l’autre.

Football d’enfant, football d’adulte

Chez Toussaint, le foot semble n’exister qu’une fois tous les quatre ans, à l’occasion de la Coupe du Monde. Sans doute parce que cette épreuve est la seule capable de faire resurgir des joies d’enfants. “Le football des adultes m’indiffère” précise-t-il, à l’attention de ce football pour grandes personnes, celui des clubs, du fric et des transferts.

Curieusement, Toussaint cherche à justifier son amour du foot, comme s’il s’agissait d’un plaisir interdit pour un écrivain : “Je fais mine d’écrire sur le football, mais  j’écris, comme toujours, sur le temps qui passe.“. Plus loin, il précisera sa pensée : 

C’est peut-être là l’enjeu secret de ces lignes, essayer de transformer le football, sa matière vulgaire, grossière et périssable, en une forme immuable, liée aux saisons, à la mélancolie, au temps et à l’enfance.

A propos de Jean-Philippe Toussaint et du football

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