Tribunes de France

Komintern Sect "Dernier Combat"

CHANSON – La chanson “Dans les tribunes” (1985) du groupe Komintern Sect est un écho à la violence qui gangrène les tribunes du football au milieu des années 1980.

L’émission s’appelait “Moi Je” et proposa au printemps 1986 un reportage sur les supporters du Paris Saint-Germain. Le sujet était brûlant : Alors que l’équipe du président Borelli marchait vers son premier titre de champion de France, un phénomène inquiétant naissait dans son sillage. A chaque déplacement de l’équipe ou presque étaient constatées des dégradations revendiquées par des prétendus supporters.

Entassés dans les tribunes

Encore choqués par le drame du Heysel qui eut lieu neuf mois plus tôt, la presse et les médias faisaient l’écho de ses violences. Le reportage de “Moi je” diffusé sur Antenne 2 venait à point nommé, révélant que les groupes de supporters parisiens étaient infiltrés par des groupuscules racistes et violents.

Comme illustration sonore, le reportage avait choisi un morceau du groupe Komintern Sect, “Dans les tribunes” sorti un an plus tôt. Les paroles ne pouvaient mieux illustrer le sujet du reportage  :

Entassés dans les tribunes, nous attendons le coup d’envoi.
Comme nos frères d’infortune, nous sommes prêts au combat…

Nos chants résonnent dans le stade. Partout la bataille fait rage.
On se bat dans les balustrades. Nos bannières flottent sur les grillages…

Ce soir nous serons vainqueurs malgré toutes nos souffrances,
les meilleurs dans la violence, dans le sang et la démence…

Faut-il prendre les paroles de “Dans les tribunes” au premier degré ? Rien n’est moins sûr. Komintern Sect a toujours aimé jouer l’ambiguïté. Certains textes, comme “Barcelone 1936” qui semble faire l’apologie de la politique franquiste, ont séduit les jeunes skinheads se réclamant d’extrême droite. Mais le groupe a toujours assuré qu’il s’agissait avant tout de provocation. Hors de question, donc, d’assimiler Komintern Sect aux mouvements d’extrême droite. Ni même d’ailleurs à des supporters du PSG.

Nos chants résonnent dans le stade

Le mouvement Oi! dont se réclame le groupe a lui-même une image brouillée. Né en Angleterre à la fin des années 1970 dans le sillage du mouvement punk, le Oi! se voulait plus proche de la classe ouvrière, d’où de nombreux chants dédiés au football. Mais au même titre que les groupes de supporters, le Oi! a rapidement été infiltré par les sympathisants d’extrême droite. A son corps défendant.

En France, le mouvement Oi! a créé de nombreux groupes parmi lesquels, du coté d’Orléans, les emblématiques Reich Orgasm et Komintern Sect. Ce dernier a vu le jour au début des années 1980. Après de nombreux concerts et trois albums, il a mis fin à ses activités en 1986.

Dans les tribunes” (souvent appelé “Le chant du supporter” à tort) apparaît sur l’album “Dernier combat” paru chez Chaos Production en 1985. Il a été réédité en CD en 2009 chez Euthanasie Records, qui a également sorti un nouveau pressage vinyl en 2010. Il existe également une version live du morceau sur le CD “Pourquoi tant d’amour” sorti en 1998.

En 2014, le chanteur du groupe Carl Jahier est remonté sur scène pour faire revivre Komintern Sect le temps de quelques concerts, et même d’un CD 6 titres “D’un même voix” sorti chez Contra Record.

A propos de Komintern Sect et des supporters

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