Un gamin à Téhéran

Le Passager Abbas Kiarostami

FILM – “Le Passager” (1974) est le premier long-métrage du réalisateur iranien Abbas Kiarostami (1940-2016). Il raconte l’histoire d’un gamin que la passion du foot rend amoral.

C’est un petit garçon iranien d’une dizaine d’année qui vit dans une petite ville d’Iran. Il ne vit que pour le foot, une passion si dévorante qu’il néglige l’école et les devoirs, préférant taper le ballon dans ses cages portatives. Au point d’inventer les plus vils mensonges pour expliquer ses absences. Un jour, l’équipe nationale d’Iran doit jouer un match à Téhéran, et le gamin ne veut rater ça pour rien au monde. Il entreprend ainsi de se rendre à la capitale en soutirant de l’argent à ses amis et voisins.

Un pays méconnu

Le Passager” (“Mossafer” en v.o.) est le premier long-métrage d’Abbas Kiarostami. Le réalisateur iranien y démontre la détermination d’un gamin pour parvenir à ses fins. Celui-ci est capricieux, amoral et ne fait aucune différence entre bien et mal. Pour que la morale soit sauve, lorsqu’il arrive au stade Aryamehr, le gamin s’endort juste avant le coup d’envoi. Il ne verra jamais son match.

Grand prix du Festival International pour Enfants de Téhéran, le film a connu un certain succès à l’étranger, notamment en France. Il a permis de découvrir un pays méconnu à l’époque, l’Iran, et de comprendre que le football s’est développé partout dans le monde. Il permet aussi de découvrir un cinéaste talentueux, qui privilégie le noir et blanc et la prise de vue instantanée, démontrant qu’un cinéma de qualité n’a pas forcément besoin d’un gros budget.

Et la vie continue

Quatre ans après la sortie du film, l’Iran sera en 1978 la première équipe du Moyen-Orient à participer à une phase finale de la Coupe du monde. Cinq mois après le tournoi en Argentine, où la Team Melli concède deux défaites et un match nul, la Révolution Islamique bannira le football du pays.

Alors que de nombreux réalisateurs iraniens quittent le pays, Abbas Kiarostami restera en Iran et poursuivra une oeuvre exceptionnelle en dépit des normes imposées par le régime. Il évoquera de nouveau le foot en 1991 avec “Et la vie continue” où les survivants d’un séisme tentent de reprendre une vie normale, et bricolent une antenne de télévision pour pouvoir suivre la Coupe du Monde.

A propos de Abbas Kiarostami et du football en Iran

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