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ANTHROPONYMES – Ils s’appellent Panenka, Madjer, Arconada ou encore Bosman. Ces joueurs ont pour point commun d’avoir laissé leur nom dans le vocabulaire commun du football. Il y en a quelques autres.

Le Tchécoslovaque Antonin Panenka a laissé son nom dans l’histoire grâce à une technique toute particulière du tir de penalty. Avant lui, les tireurs frappaient généralement leur coup de pied de réparation en force, sur un coté ou juste sous la barre. Et les gardiens, souvent, anticipaient en plongeant sur un coté de leur choix. Le Tchèque invente alors un tir imparable en “piquant” son ballon au moment du tir. Celui-ci décrit une courbe en feuille morte et va se loger juste sous la barre transversale. Le gardien, allongé sur le sol, regarde impuissant ce ballon glisser délicatement dans ses filets. Quelques joueurs ont depuis imité ce geste, certains l’ont magnifié, d’autres l’ont raté, devenant la risée de tous.

Rabah Madjer

Devant le but, sur un centre à ras de terre, faites passer le ballon derrière votre jambe d’appui. Il y a de fortes chances pour que le gardien d’en face soit mystifié et que le ballon entre dans la cage. Rabah Madjer est considéré comme le plus grand joueurs de l’histoire du football algérien. Acteur déterminant de la victoire historique contre l’Allemagne en 1982, Madjer se distingua cinq ans plus tard lors de la finale de la Coupe des Clubs Champions 1987, remportée à la surprise générale par le FC Porto aux dépens du Bayern Munich. En toute fin de match, sur un centre tendu, l’Algérien laissa glisser le ballon derrière sa jambe d’appui et le poussa dans le but d’une subtile talonnade, mystifiant complètement Jean Marie Pfaff. C’est sans doute la seule fois que l’attaquant algérien inscrivit un but de cette manière, mais son nom est demeuré attaché à ce geste. Quelques années plus tard, l’Argentin Hernan Crespo s’en fera une spécialité, mais ne parviendra jamais à le débaptiser.

Luis Arconada

Tous les gardiens du monde ont un jour commis une bourde dans leur carrière, mais seul Luis Arconada y a laissé son nom et sa réputation. Il fut pourtant l’un des tous meilleurs gardien d’Europe au début des années 1980. Mais au lendemain de son trentième anniversaire, le 27 juin 1984, l’Espagne affrontait la France en finale du Championnat d’Europe. Sur un coup franc de Michel Platini, en début de seconde période, il laissa malencontreusement le ballon glisser sous son ventre alors qu’il semblait l’avoir maîtrisé. Les journalistes français emploient depuis son nom pour désigner l’erreur grossière d’un gardien.

Jean-Marc Bosman

L’homme qui a donné son nom à un arrêt de référence n’était pas gardien de but, mais avant-centre. Jean-Marc Bosman était l’attaquant d’un modeste club belge. En 1990, il fut appelé à rejoindre les rangs de l’US Dunkerque, club français de deuxième division. Mais pour une histoire d’indemnités non payées, le transfert capota et le joueur se retrouva au chômage. Il alla porter plainte à l’Union Européenne de Football (UEFA), lui priant de lui faire valoir ses droits. Mais l’UEFA n’est pas sérieuse, c’est là son moindre défaut : “Jean Marc comment ? Dunkerque ? C’est où, çà ?“. L’attaquant belge fut renvoyé à ses pénates et l’affaire Bosman bottée en touche. Ces messieurs trop tranquilles qui dirigeaient le football ignoraient alors que la l’Histoire était en marche. L’Europe Economique devenait une réalité et avec elle, de jeunes avocats trouvaient de l’ambition grâce aux flous juridiques qui entouraient le berceau de la naissante Europe. En plus de rendre ses indemnités et sa dignité au footballeur belge, ces avocats se frottèrent les mains en relisant les règlements du football. Notamment ce texte indiquant qu’une équipe ne pouvait avoir plus de trois joueurs étrangers dans son équipe. Une entrave à la libre circulation des travailleurs, clamèrent-ils devant la Cour de Bruxelles. Le 15 décembre 1995, celle-ci leur donna raison et ce qui devint l’arrêt Bosman allait bouleverser le paysage du sport européen. Ah ! Si seulement l’UEFA avait pris Jean-Marc Bosman au sérieux !

Cuauhtemoc Blanco

En pleine course, bloquez le ballon entre vos deux mollets et sautez par dessus le tacle d’un défenseur. Vous venez de réaliser une Blanco, et cela n’a aucun rapport avec le rugby. Cuauhtemoc Blanco fut le capitaine et meneur de jeu d’une joyeuse équipe du Mexique lors de la Coupe du Monde 1998 en France. Lors de la rencontre Mexique-Corée du Sud (3-1), l’attaquant mexicain, face à deux défenseurs, bloqua le ballon entre ses pieds, fit un saut de cabri et élimina ses deux adversaires. Il réédita ce geste quelques jours plus tard contre l’Allemagne et la FIFA adopta définitivement son nom pour qualifier ce geste jusqu’alors inédit. Un geste que l’on appelle également le coup du crapaud, le joueur mexicain portant comme surnom le nom du délicat batracien. On se demande bien pourquoi.

Jean-Pierre Papin

Vous êtes avant-centre et vos coéquipiers sont infoutus de vous adresser des centres corrects. Dans ce cas, frappez le ballon comme cela vous chante, en extension et dos au but tant qu’à faire, et faîtes en sorte qu’il entre dans la cage sans que le gardien n’ait esquissé le moindre geste. Jean-Pierre Papin, avant-centre symbole de l’Olympique Marseille des années 1986-1992, se fit une spécialité des buts spectaculaires, parfois tentés en dépit du bon sens, mais toujours avec le sourire. Un journaliste marseillais surnomma ces buts venus d’ailleurs des Papinades, un terme qu’on emploie aujourd’hui pour désigner une tentative spontanée. Et victorieuse autant que possible.

Pichichi

Rafael Moreno Aranzadi, attaquant de l’Atletic Bilbao au début des années 1920, était surnommé Pichichi, un sobriquet que l’on attribuait alors aux personnes chétives. Buteur redoutable, il fut fauché en pleine jeunesse à l’âge de 29 ans en 1922. C’est en son hommage que fut baptisé le trophée remit depuis au meilleur buteur du championnat d’Espagne. Depuis, les buteurs espagnols héritent de ce surnom.

Patricio Yanez (Chili)

Au Chili, l’international chilien Patricio Yañez a laissé son nom à une façon toute particulière de saluer le public. Lors d’une rencontre au Maracanã face au Brésil, le 3 septembre 1989 pour être précis, l’attaquant de la Roja manifeste son agacement vis à vis du public en… se secouant ses parties génitales. Il se prend aussitôt un carton jaune, mais son geste reste dans la mémoire collective, qui lui donne son nom.

Jesper Olsen

Au Danemark, on dit d’un défenseur commettant une passe en retrait hasardeuse qu’il a fait une “Jesper“.  On pense bien entendu à Jesper Olsen, milieu de terrain de l’équipe nationale du Danemark, coupable d’une passe hasardeuse à son gardien qui profita à l’Espagnol Emilio Butragueno et lança le Danemark vers une terrible défaite (5-1, donc quatre buts du Buitre) en huitième de finale de la Coupe du Monde 1986. Mais il a fallu que Jesper Grønkjær commette la même erreur en 1999 lors d’un Danemark-Italie qualificatif pour l’Euro 2000 pour que les commentateurs danois adoptent ce prénom décidément maudit.

A propos de Panenka, Madjer, Blanco, Bosman, Arconada et les autres…

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