Chacun son métier : footballeurs au cinéma

CINEMA – Aux exceptions notables d’Eric Cantona et Vinnie Jones, peu de footballeurs font carrière au cinéma.  Il y en a pourtant beaucoup que l’on a traité de comédien sur le terrain, mais peu confirment lorsqu’ils se retrouvent dans un “vrai” film.

(Article mis à jour en janvier 2023)

Il y a plusieurs raisons, pour un cinéaste, de faire appel à un footballeur professionnel pour un rôle dans un film. La plus évidente est la raison technique : S’il y a une scène de foot dans le film, mieux vaut qu’elle soit jouée par des hommes du métier. Il y a aussi la raison du prestige : Le footballeur est une personnalité connue et reconnue, sa “gueule” et son nom sur l’affiche feront une bonne pub, même s’il ne fait qu’une brève apparition.

Enfin, il y a les footballeurs que l’on appelle tout simplement parce qu’ils envisagent très sérieusement de faire carrière dans le cinéma. Ceux-là évitent généralement toute référence au ballon rond. Ils veulent un rôle de gangster, d’agent secret ou de super-héros, mais surtout pas de footballeur.

Les footballeurs dans un rôle de composition, où il n’est pas ou peu question de foot

Bien avant Vinnie Jones et Eric Cantona, il y eu Raf Vallone. Le jeune italien disputa de nombreux matches du championnat italien avec le Torino, remporta même la Coppa Italia en 1936 avant de devenir un acteur de renom. Il tourna plus de 80 films mais ne joua qu’une seule fois le rôle d’un footballeur, dans “Les héros du dimanche” (“Gli Eroi della Dominica”) de Mario Camerini.

Au Viktoria Stadion de Žižkov, un quartier de Prague, une plaque rappelle que le célèbre acteur tchèque Vlasta Burian (1891-1962) a joué gardien de but au Viktoria Žižkov avant de se lancer dans le cinéma.

L’acteur finlandais Åke Lindman (1928-2009) a joué au football au plus haut niveau comme défenseur à l’IFK Helsinki et en équipe nationale finlandaise (26 sélections). Il a notamment participé aux Jeux olympiques 1952.

Le bouillant défenseur allemand Paul Breitner se retrouve en 1976 au générique d’un drôle de western, “Potato-Fritz“. On se demande encore comment…

L’ancien Ange Vert Dominique Rocheteau apparaît en 1995 aux cotés de Gérard Depardieu dans “Le Garçu” de Maurice Pialat.

Eric et son frère Joël Cantona font leurs grands débuts au cinéma en 1995 dans “Le bonheur est dans le pré” de Etienne Chatiliez. Le premier film, pour l’un et l’autre, d’une longue série.

Vinnie Jones, la terreur des gazons du championnat anglais imite son ennemi intime Eric Cantona. La figure de proue du crazy gang de Wimbledon FC apparaît en 1998 dans “Lock, stock and two smoking barrels” de Guy Ritchie, puis “Snatch“. Le début d’une belle carrière de star du cinéma d’action.

José Touré, l’homme qui inscrivit le plus beau but de l’histoire des finales de la Coupe de France, est en 2001 au générique de “Voyance et manigance” de Eric Fourniols, lui-même ancien rugbyman, champion de France 1987 avec Toulon.

Franck Lebœuf, champion du monde 1998 et défenseur de Chelsea, se lance dès 2002 dans une carrière de comédien. Il débute dans “Taking sides” d’István Szabó puis enchaîne avec “The Price of Dreams” de Erik Laibe (2007), “The Ball Is Round” de Mirwan Suwarso (2008), “Caravaggio: The Search” de Maureen Murphy (2010) et “The Theory of Everything” de James Marsh (2014). Il fera également une brillante carrière dans le théâtre.

David Ginola, enfant terrible du foot français dans les années 1993-1995, obtient son premier rôle en 2004 dans “Mr Firecul” de Jade Carmen. On le voit également dans “The Last Drop“, un film de guerre de Colin Teague et dans un épisode des “Feux de l’Amour“. Et il assure en outre la voix d’une crevette dans la version française du dessin animé “Le Monde de Nemo“. Il s’est ensuite tourné vers une carrière d’animateur TV où il fait preuve d’un incroyable talent.

Pascal Nouma, un attaquant français qui a fini sa carrière en Turquie, se retrouve en 2006 au générique d’un nanar turc, “L’homme qui sauva le monde 2“, qui parodie les films d’espace et de science-fiction.

Vikash Dhorasoo, deux ans après son auto-documentaire de remplaçant de la Coupe du Monde 2006, joue un avocat dans le film de Marc Jolivet, “La très très grande entreprise” (2008).

Eva Roob est beaucoup moins connue : c’est une footballeuse allemande qui a mis fin à sa carrière en 2009, à 23 ans, pour se consacrer à son deuxième métier : Actrice X ! “J’ai opté pour le métier qui me plaisait le plus et qui me rapportait le plus d’argent“. Comme quoi le foot mène à tout.

Bixente Lizarazu joue un tout petit rôle dans “Le Capital” (2012) de Costa-Gavras avec Gad Elmaleh.

David Beckham, ancien capitaine de l’équipe d’Angleterre, apparait coup sur coup dans deux films de Guy Ritchie. Il donne une toute petite réplique dans “Agents très spéciaux : code U.N.C.L.E.” (2015), où il joue le rôle d’un projectionniste russe (qui s’excuse d’avoir monté une diapo à l’envers). Puis apparaît tout aussi brièvement aux cotés de Charlie Hunnam dans “Le roi Arthur, la légende d’Excalibur” (2017).

Antoine Griezmann et Blaise Matuidi, deux joueurs de l’équipe de France, ont prêté leurs voix aux personnages de la version française de “Lego Batman” : Griezmann a joué Superman (et Clark Kent) alors que Matuidi à doublé Flash et Barry Allen.

Neymar Jr, attaquant brésilien du FC Barcelone, apparait aux cotés de Vin Diesel dans le film d’action “xXx Reactivated” (2017) de DJ Caruso.

Zlatan Ibrahimovic joue le rôle d’un centurion romain dans le film “Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu” (2023) réalisé par Guillaume Canet.

Les participations technico-commerciales, où le footballeur est appelé pour un film avant tout parce qu’il est un footballeur, célèbre ou non

En 1920, Harold Walden, buteur de l’équipe d’Angleterre aux Jeux Olympiques de 1912, tourne dans son premier film “The Winning Goal“, un film muet de G.B. Samuelson. Héros militaire et chanteur émérite, Harold Walden a eu une vie plutôt riche. En 1948, on l’invitera à nouveau au cinéma à jouer son propre rôle dans “Cup-tie honeymoon“.

En 1926, l’ancien international gallois Billy Meredith, ancien joueur de Manchester City et United, joue le rôle d’un entraîneur dans “The Ball of Fortune” de Hugh Croise.

En 1939, les joueurs et le staff des équipes d’Arsenal et de Brentford apparaissent dans le film policier “The Arsenal Stadium Mystery” de Thorold Dickinson.

Le Yougoslave Dragoslav Šekularac (41 sélections en équipe de Yougoslavie) a joué en 1962 dans la comédie musicale “Šeki snima, pazi se” de Marijan Vajda.

Matt Busby, coach de Manchester United, apparaît en 1965 dans “Cup Fever” de David Bracknell, l’histoire de jeunes joueurs du club de Barton United qui veulent remporter le championnat local en dépit d’un conseiller municipal leur met des bâtons dans les roues.

Franz Beckenbauer, en 1974, joue son propre rôle dans “Libero” de Wigbert Wicker, un film mi-fiction, mi-documentaire à la gloire du capitaine du Bayern Munich.

Pelé, Bobby Moore, Paul Van Himst, Osvaldo Ardiles, Kazimierz Deyna, John Wark, Mike Summerbee, Russell Osman, Kevin O’Callaghan, Hallvar Thoresen, Co Prins, Sören Linsted, Robin Turner, Laurie Sivell et Werner Roth… C’est le casting de “Escape To Victory“, célèbre nanar footballistique de John Huston sorti en 1981.

Pelé a tenté de se lancer dans une carrière d’acteur. En 1981, Raoul Thomas lui confie un rôle dans “A Manor Miracle“, l’histoire d’orphelins de l’école Saint-Francis qui cherchent une solution pour éviter de voir leur établissement fermer. Il revient en 1987 dans “Football Kid” de Rick King, l’histoire typiquement Disney d’un jeune américain qui veut devenir footballeur professionnel et qui demandera à Pelé de l’aider à atteindre son rêve.

Carlo Ancelotti, Roberto Boninsegna, Roberto Pruzzo et Luciano Spinosi, joueurs de l’AS Roma, apparaissent dans “Don Camillo” version Terence Hill en 1984. Pour la fameuse scène du match de foot, bien évidemment.

Zico, le fabuleux milieu de terrain brésilien qui joue alors à Udine, apparaît en 1984 dans le film “L’Allenatore nel Pallone” de l’Italien Sergio Martino où un entraîneur, dirigeant une équipe en difficulté, intègre deux joueurs brésiliens pour l’emmener vers la victoire. Quatorze années plus tard, en 1998, Zico apparaîtra dans une nouvelle comédie à sa gloire, “Uma aventura di Zico“.

Alan Shearer, sérial buteur anglais des nineties, fait en 1999 une courte apparition dans “The match“, un film de Mike Davis. Il réapparaîtra un an plus tard dans “Newcastle Boys” de Mark Herman.

Bruno Conti, ancien international italien champion du monde 1982, et Luigi Di Biagio, international italien dans les générations suivantes, apparaissent parmi d’autres joueurs en 1999 dans “L’Ultimo Mundial” de Antonella Ponziani.

Ally McCoist, buteur des Glasgow Rangers, et de Sir Alex Ferguson, coach de Manchester United, se retrouvent en 2000 dans “En route pour la gloire” de Michael Corrente.

Raymond Domenech, qui n’était pas encore devenu sélectionneur de l’équipe de France, apparait en 2001 dans “La surface de réparation” de Bernard Fabre dans le rôle d’un entraîneur de football yougoslave qui officie en France pendant la guerre du Kosovo.

Nicolas Anelka, alors joueur du PSG, jongle en plein milieu du film “Le Boulet” de Alain Berberian (2001) sans que l’on comprenne vraiment ce qu’il fait là. Une participation qui avait fait du bruit à son époque, puisque peu avant un match de championnat à Strasbourg, les dirigeants du PSG avaient annoncé l’absence de leur buteur virtuel pour raison professionnelle. Il se trouve que cette raison était bien le tournage de cette scène sans réel intérêt qui inaugure la mode des caméo à outrance dans les comédies françaises.

Gary Lineker, John Barnes et John Hansen, anciens grands joueurs britanniques des années 1980, apparaissent en 2002 dans leur propre rôle de consultants TV au tout début de “Bend it like Beckham” de Gurinder Chadha.

Ronaldinho et quelques figures du Paris Saint Germain 2001/2002 (Jay Jay Okocha, José Pochettino, Luis Fernandez…) jouent les figurants de luxe dans “Trois zéros” de Fabien Onteniente, un film où apparaissent de nombreuses têtes connues du football, parmi lesquelles Rolland Courbis (excellent dans le rôle d’un entraîneur en exil), ainsi que Thierry Roland, Jean-Pierre Papin, Gervais Martel, Pascal Praud, Pierre Menès, Karim Nedjari et plein d’autres. On retrouvera Rolland Courbis et Thierry Roland en 2013 dans un autre film de Fabien Onteniente, “Turf“, plongé dans le monde hippique.

Dominique Rocheteau joue en 2004 son propre rôle dans la comédie de Maurice Barthélémy “Casablanca Driver“.

Ivan Zamorano, l’attaquant chilien, joue en 2004 son propre rôle dans “Azul y Blanco”, où il sert de médiateur entre les fractions de supporters les plus violents du pays, Universdad Catolica et Colo Colo.

Zinédine Zidane, David Beckham, Ronaldo, Raul, Roberto Carlos, mais aussi Ronaldinho, Grégory Coupet et Alou Diarra prêtent en 2005 leur image à la trilogie “Goal“, un blockbuster qui raconte l’ascension d’un jeune footballeur mexicain.

Djibrill Cissé apparaît dans le quatrième épisode de la saga “Taxi“, tournée en 2007 par Gérard Krawczyk. Le joueur marseillais, dans son propre rôle, doit rejoindre très rapidement le stade vélodrome pour un match de charité, avec un transfert à la clé. Quatre ans plus tôt, il était apparu dans un sketch du film “Les onze commandements” avec Michael Youn.

Zinédine Zidane apparaît en 2008, aux cotés du basketteur Tony Parker, de la tenniswoman Amélie Mauresmo et d’un très grand nombre de personnalités, dans le navet “Astérix aux Jeux Olympiques” dont la fin n’est qu’une succession de caméos sans véritable cohérence.

Sylvain Wiltord, ancien joueur d’Arsenal en fin de carrière à l’OM,  joue son propre rôle en 2010 dans “Le Mac” de Pascal Bourdiaux, aux côtés de José Garcia et de Gilbert Melki. Il joue du moins le rôle d’un footballeur qui… refuse d’aller jouer à Arsenal !

Marvin Martin, alors jeune international du FC Sochaux, apparait dans “Fonzy” (2013) d’Isabelle Doval avec José Garcia, où il joue son propre rôle parmi une centaine de personnages à la recherche de leur père biologique.

Giorgi Loria, le gardien de l’équipe nationale de Géorgie, joue son propre rôle dans le film “What Happened in Kiev” (2013).

Guy Roux, entraineur devenu consultant TV apparait à la fin du film “La Dream Team” (2016) de Thomas Sorriaux pour commenter un match aux côtés du journaliste Christian Jeanpierre. Quelques joueurs du PSG apparaissent également dans le film, sans doute à leur corps défendant.

Christian Karembeu apparait dans son propre rôle dans un épisode de la série “Joséphine, ange gardien” avec Mimie Mathy, dont le personnage traverse le temps pour se retrouver en 1998.

L’international allemand Joshua Kimmich, milieu de terrain du Bayern Munich, joue un coach sportif dans la célèbre série policière allemande « Tatort ». Il rejoint Berti Vogts (1999), Oliver Bierhoff, Joachim Löw et Steffi Jones (2011) qui sont également apparus dans la série.

On en probablement oublié. L’article sera mis à jour à chaque footeux que l’on trouvera au générique d’un film.