Bande son d’un après midi anglais

This is So Foot

COMPIL – Wedding Present et Undertones réunis sur la même compilation : On en rêvait, So Foot l’a fait ! Quinze titres regroupées sur un CD sorti en 2005 chez Sober & Gentle. Indispensable.

Plus qu’une compilation, c’est une bande originale des après-midi foot outre-Manche qu’ont voulu créer les membres du magazine So Foot. Ainsi sur les quinze morceaux de “This is So Foot“, certains n’ont qu’un rapport très lointain avec le foot. Ils restent toutefois intimement liés au ballon rond, par leur présence dans les stades à travers la sono ou les chants.

L’exemple le plus emblématique est l’inévitable « You’ll never walk alone ». Devenu l’hymne du Liverpool FC, il est à l’origine un chant de Broadway repris en 1965 par le groupe GERRY AND THE PACEMAKERS.

C’est le cas également des deux morceaux présents du groupe irlandais THE UNDERTONES. Celle de « When Saturday Comes » (1978) s’explique par le fait que son titre sera repris en 1986 comme nom du premier fanzine consacré au ballon rond. Celle de « Teenage Kicks » (1977) ne s’explique toujours pas, même si on en boudera pas le plaisir de réécouter un tel morceau, que John Peel lui-même considérait tout simplement comme le meilleur de l’histoire du rock.

Que dire de « My favourite dress » (1989) des magnifiques WEDDING PRESENT, extrait d’un album qui a pour nom « George Best », plus connu pour sa pochette que pour son contenu, qui n’en reste pas moins excellent. On pourrait citer dans la même catégorie « If the kids are united » (1978), des SHAM 69, un hymne punk qui demande à tous les jeunes de s’unir pour lutter contre l’etablishment. Mais qui ne parle toujours pas de foot.

Il y a aussi les hymnes reggae, tel « Liquidator » (1969) de HARRY J ALLSTAR, un instrumental adopté par les skinheads londoniens et notamment les fans du Chelsea FC. Ou « Hooligan » (1976) de JOHN HOLT, qui a pour seul mérite d’utiliser comme titre un mot qui entrera dans le vocabulaire footballistique.

Voilà pour le décor, place aux morceaux réellement dédiés au foot. Avec le grand JOE STRUMMER qui se voit créditer de deux titres récents, « Tony Adams » (2000), en hommage au célèbre défenseur d’Arsenal, alcoolique repenti, et « Shaktar Donetsk » (2001), du nom d’un obscur club ukrainien pour raconter l’histoire d’un émigré clandestin qui rêve de voir Wembley.

Avec aussi BILLY BRAGG et son émouvant « God’s footballer » (1991) qui évoque Peter Knowles, l’attaquant de Wolverhampton qui abandonna le foot à vingt-quatre ans pour se consacrer à la religion.

Les morceaux les plus récents sont tournés vers le grand clubs des années 1990, Manchester United. Notamment grâce à un dénommé Paul Mottram, fans des Red Devils et compositeur prolifique dès qu’il s’agit de louanger son club favori. La compil propose deux titres sous des noms d’emprunt : « Ryan Giggs we love you » (THE RAINBOW CHOIR, 1993), une brûlante déclaration d’amour pour l’insaisissable ailier gallois et « Cantona superstar » (HER, 1996), déchirante chanson en l’honneur de l’emblématique frenchie de MU.

Celui-ci a d’ailleurs eu droit en 1995 à une compilation entière à sa gloire, le “Cantona Album” duquel est extrait le premier morceau « Eric Cantona » du bien nommé RAYMOND BIZARRE : Un chanteur anglais qui choisit la langue française pour rendre hommage au french king de Manchester United.

Le morceau le plus ancien de la compil est également dédié à Manchester United : « City and United 1956 the Manchester Football Double » (1957) de LORD KITCHENER, un émigré Trinidadien qui unit les deux clubs rivaux de sa ville d’accueil pour un calypso enthousiaste.

La compilation se termine par un morceau de bravoure, « I’m forever blowing bubbles » (1980), l’hymne de West Ham United repris en 1980 celle des COCKNEY REJECTS, apôtres du londonien.

Les notes de pochettes précisent que les éditeurs de la compilation n’ont pas reçu l’accord de BELLE AND SEBASTIAN pour l’intégration d’un de ses morceaux (à nous de deviner lequel). En outre, la firme Warner a refusé l’utilisation du « Love Will Tear Us Apart » de Joy Division et du « Kung Fu » de Ash, single dont la pochette reproduisait le geste de Eric Cantona à Selhurst Park.

Un effort a bien entendu été fait sur ce CD, qui bénéficie d’une pochette très arty où l’on voit George Best, Eric Cantona, Ryan Giggs… Le livret quand à lui est très complet, où chacun des morceaux est l’objet d’une longue dissertation plutôt instructive. En bonus, un petit topo sur Matthew Simmons, ce supporter de Crystal Palace contre lequel Eric Cantona tenta un yoko-geri de légende.

Seul bémol, cette compil a cru bon glisser entre certains morceaux les commentaires de Jacques Vendroux sur les instants clé du France-Angleterre de l’Euro 2004. Un parasitage inutile qui ne gâche en rien la qualité d’ensemble.

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