Eto’o, le lion nu

Eto'o Puma 2003

PUB – Samuel Eto’o nu comme un ver dans une publicité pour Puma a suscité en 2003 de vives polémiques en Afrique où les champions ne doivent rien céder à l’impudeur.

Alors qu’il prend peinard sa douche à l’issue d’un entraînement, Samuel Eto’o (alors avant-centre du Real Majorque) se fait voler ses affaires par des gamins. Et notamment ses Puma’s. Il sort alors des vestiaires sans même se rhabiller et lorsqu’il retrouve les gamins, il rugit tel un lion (indomptable). Nu comme un ver, il va tranquillement rechercher ses affaires que les gosses, terrorisés, ont laissé sur place.

Il s’agit d’un des cinq clips publicitaires que la firme Puma diffuse en 2003 pour la promotion de ses nouvelles chaussures. La campagne My Puma’s prétend montrer le joueur dans des situations de tous les jours. Les Français Robert Pires et Sylvain Wiltord sont chez le coiffeur, les allemands Kevin Kuranyi et Timo Hildebrand regardent la télé, Jimmy Floyd Hasselbaink fait un foot dans le parc et l’Italien Gianluigi Buffon se fait draguer à la sortie de l’entraînement.

Samuel Eto’o fils, lui, se balade à poil au grand dam de ses compatriotes. La scène où on découvre (de dos) son anatomie a suscité l’indignation dans de nombreux pays africains, assimilant ce manque de pudeur à la représentation d’une prostitution de l’Afrique à l’égard des grandes puissances du monde occidental.

On accuse Puma d’user de shockingvertising, cette communication basée sur la provocation, telle que pratiquée par exemple chez la firme Benetton. La firme allemande n’est qu’au quatrième rang des équipementiers sportifs, loin derrière Nike, Adidas et Reebok, et cherche donc à se faire remarquer coûte que coûte.

La nudité publique est un problème grave en Afrique et Samuel Eto’o n’est pas le premier à transgresser les codes. Avant lui, le chanteur congolais Awilo Longomba et l’écrivaine franco-camerounaise Calixte Beyala ont dévoilé une grande partie de leur corps pour la promotion d’un disque ou d’un livre.

Eto'o Puma Cameroun

Le chroniqueur camerounais Thierry Gervais Gango pose la question : “Samuel Eto’o Fils avait-il le droit de dévoiler sa nudité? De la montrer de la sorte aux yeux du monde ?” et tente d’y répondre : “Choquant une partie de l’opinion qui n’accepte pas que la mondialisation viennent trahir les valeurs africaines qui veulent que le nu soit sacré. A ceux-là, on pourra répondre que Samuel Eto’o Fils a le droit de vendre son corps à la manière des héroïne de films X qui le font pour le même but (se faire plaisir en se faisant un peu d’argent). Seulement, l’argument peut-il être entendu dans un contexte sociologique africain où le risque est grand de croire que le commerce du sexe et de ses accessoires peut glisser sur la peau sans laisser des séquelles? En cela, le choix de l’Africain Eto’o Fils par Puma est, plus que la célébration du talent, une victoire du marketing sur l’Afrique des traditions et des scrupules.”

Yves Djambong Ngantche, du journal Le Messager, enchérit : “Reste que pour bon nombre de Camerounais, puritains jusque dans la moelle, le geste de Samuel Eto’o Fils est défavorable non seulement pour lui-même en tant que modèle pour la jeunesse et surtout pour le Cameroun dont il est un des porte-étendard : Il y a sérieusement lieu de craindre qu’une sortie de ce type ne se répercute sur des milliers de jeunes dont il est le modèle. L’apparition de Samuel Eto’o Fils dans son plus simple appareil constitue un sérieux revers pour les tenants d’une éthique sportive, d’une dimension éducative du sport.”

Il ajoute :”Les sportifs apparaissent comme des victimes (heureuses ?) du combat acharné que se livrent les équipementiers sportifs pour conquérir un univers médiatique chaque jour plus vaste, notamment le marché asiatique qu’on dit très porteur. Les sportifs se voyant offrir des contrats publicitaires faramineux, auxquels il est parfois difficile de résister, pour réaliser des spots publicitaires de plus en plus osés. La campagne d’assainissement et de plafonnement des revenus actuellement en cours dans les milieux du football devraient s’étendre au domaine publicitaire pour que revienne la décence dans les spots de publicité.”


  • Les autres clips de la campagne :

Robert et Sylvain chez le coiffeur. Les deux joueurs français d’Arsenal vont faire un tour chez le coiffeur. L’un opte pour le crâne rasé à la Michael Jordan, l’autre reste fidèle à son look D’Artagnan. Lorsqu’ils s’apprêtent à sortir, l’un des coupe-tifs leur dit qu’il trouve leurs chaussures géniales. Elles sont rouges et blanches, comme le maillot d’Arsenal. Robert et Sylvain disent merci puis s’interrogent : Le type parlait-il de mes Pumas ou des tiennes ? Sont-ils bêtes : Ce sont les mêmes ! Message caché : Les footballeurs professionnels passent plus de temps chez le coiffeur qu’à l’entraînement…


Gianluigi et les dames : A la sortie de l’entraînement, deux filles plutôt jolies allument le beau Gianluigi Buffon, gardien de but de la Squadra Azzurra et de la Juventus. Celui-ci monte dans sa décapotable et installe, sur le siège passager, ses pompes de foot, sans un regard pour les filles. Message caché : Le véritable amour des footballeurs, c’est leur sponsor.


Jimmy Floyd n’aime pas salir ses chaussures : Un match de foot amateur est interrompu par la blessure d’un joueur, au moment où passe, par hasard, Jimmy Floyd Hasselbaink, le néerlandais du Chelsea FC. L’entraîneur demande si Jimmy ne peut pas remplacer son joueur blessé. L’intéressé leur répond qu’il aurait bien aimé mais qu’il ne veut pas salir les belles chaussures blanches de mon sponsor. Face à la déception qu’il génère, le grand Jimmy trouve la solution : Apercevant une femme qui vient de faire ses courses, il lui subtilise (allez savoir comment !) ses deux sacs plastique. Il enveloppe ses pieds dans chacun d’eux et va jouer au foot… sans salir ses chaussures. Message caché : Les chaussures Pumas, ça ne sert pas à jouer au foot…


Kevin et Timo regardent la TV. Confortablement installés sur un canapé, les deux joueurs du VFB Stuttgart regardent un match de foot à la TV. L’un d’eux pose ses pieds sur la table basse et fait admirer les nouvelles baskets que lui a payées son sponsor. L’autre ne se démonte pas et fait de même. Il a les mêmes baskets. Sont-ils bêtes : ils ont le même sponsor ! Message caché : On ne reconnait même plus les footballeurs allemands dans les pubs. Qui a reconnu ses deux-là à part les supporters de Stuttgart ?

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